Le Rite Ecossais Ancien et Accepté

Publié par Jiri Pragman
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mardi 19 octobre 2010
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  • 3
    Mohamed
    23 octobre 2010 à 9h29 / Répondre

    Je comprends qu’un exposé rapide de cette thèse puisse choquer mais l’étude historique des débuts de la FM nous interrogent et nous ne devons pas nous laisser perturber par ce qui correspond à l’aspect romanesque de certains écrits.

    Pour résumer :

    La FM hiramique apparaît en Angleterre à la fin du XVème siècle et prend un premier essor au début du XVIème en pleine période de la Réforme : de mouvement compagnonique récupéré par des intellectuels, elle est concomittante du mouvement politique qui aboutira à
    la rupture de l’église anglicane avec la papauté.

    Le REAA apparait au 19ème siècle pendant la même période où les bulles papales furent nombreuses pour condamner la FM.

    TOUT SE PASSE COMME SI la FM grâce à l’émergence du REAA, n’était plus considérée comme un danger potentiel pour l’église de Rome qui semble avoir conjuré le danger de l’émergence d’une puissance symbolique universelle et mondialiste qui aurait pu s’organiser.

    La traduction politique du discours maçonnique restera marginalisée à l’expérience française et l’alliance de facto entre l’église anglicane et la Grande loge unie d’Angleterre confortera la victoire de Rome.

    Dans l’étude de l’histoire de la FM, on est toujours perturbé par des constats :
    – mouvement intellectuel ésotérique et religieux, la FM s’est laissée phagocyter par l’intrusion d’intérêts politiques et politiciens
    – mouvement universaliste à tendance libertaire, la FM a été incapable de s’organiser et s’est diluée dans des mouvements sectaires riches en discours mythomamiaques

  • 2
    Pierre-Jean
    20 octobre 2010 à 11h21 / Répondre

    L’apparition du REAA et son développement sont en effet fort intéressants et accompagnent le passage du siècle des Lumières à l’ère industrielle. L’étude du rapport entre l’évolution de la société à cette époque et celle de la maçonnerie pourrait d’ailleurs être fort intéressante (si ce n’est déjà fait).

    Cela dit je ne me sens pas en accord avec le point de vue de Mohamed (n°1) :

    1°) Le REAA n’est pas apparu du néant, il une évolution et une structuration de degrés qui étaient plus ou moins (surtout moins) pratiqués. Il est vrai que l’instauration de puissances maçonniques gardiennes du rite prive les Grandes Loges de l’époque de la mainmise sur le rite.
    Le mythe d’Hiram est quant à lui la marque d’une autre transition, celle d’une maçonnerie principalement opérative en deux degrés à une maçonnerie exclusivement spéculative en trois degrés. Le degré de Maître (absent du Rite des Anciens Devoirs comme du Rite du mot de maçon, c’était jusque là une fonction) est créé en dépouillant celui de compagnon et en développant ce mythe de fondation de l’institution. Ainsi la jeune maçonnerie essentiellement londonienne balaie-t-elle l’ancienne maçonnerie. Le mythe d’Hiram est juste effleuré dans les Constitutions d’Anderson et est plus développé à partir de 1738 (le Rite des Anciens Devoirs a quant à lui déjà disparu). Une évolution de la légende dans le cadre du REAA n’est pas moins valide ni plus éloignée d’une maçonnerie « des origines » que l’évolution opérée par la maçonnerie londonienne.
    Le REAA est-il lui-même plus éloigné de l’ancienne maçonnerie? Certainement dans sa structure, mais peut-être pas dans l’intention : l’apparition de degrés supplémentaires comme celui de Maître Ecossais, et l’écossisme en général, peuvent être perçus comme un désir de renouer avec cette ancienne maçonnerie apportée en France par les Ecossais (qui avaient la double nationalité) ; la France, autrefois partenaire de l’Ecosse dans la Vieille Alliance, fut un terreau fertile pour le développement de l’écossisme au long du XVIIIème siècle.
    Pour moi le REAA est un produit comme un autre de l’évolution de la maçonnerie hors du Royaume-Uni, avec ceci de particulier qu’il cherche à renouer avec les origines et non à les renier.

    2°) Sur le plan politique, peut-être le REAA a-t-il écarté toute prétention de concurrence avec l’église, mais il ne faut pas oublier qu’il est en 1905 le rite unique de la jeune Grande Loge de France et qu’il est pratiqué assez largement part le Grand Orient de France. Si l’action des deux obédiences (qui représentent alors l’essentiel de la FM en France) n’a pas constitué en 1905 un recul pour l’influence de l’église catholique, je vois mal ce qui pourrait l’être.

    3°) La stratégie des obédiences est une notion qui change de sens d’une obédience à l’autre (exemple criant, la stratégie du GODF et celle de la GLDF). Comme en France les principales obédiences pratiquant le REAA sont chacune en relation avec un Suprême Conseil souché sur elles, il est difficile de voir dans le REAA un obstacle à la liberté d’orientation de ces obédiences. Enfin, si la Franc-Maçonnerie est universelle, c’est en tant qu’idéal et référentiel commun. Ainsi, aucune forme organisationnelle, aucun rite ni aucune branche de la maçonnerie ne saurait être universelle ni y prétendre. Et à ce titre, le REAA ne doit pas être ni devenir un standard uniforme et impératif, pas plus que la FM libérale ou la FM « anglaise ».

    PS : Je suis très intéressé par ce changement dans le mythe d’Hiram évoqué plus haut. Quelqu’un aurait-il des références à me conseiller?
    PS2 : pour ceux qui s’intéressent aux origines et aux débuts du REAA en France, je conseille l’ouvrage de Jean-Emile Daruty intitulé « Recherches sur le Rite Ecossais Ancien et Accepté », réédité chez Télètes (éditions). Son point de vue est forcément partial, mais l’ouvrage est riche en informations .

  • 1
    Mohamed
    19 octobre 2010 à 22h05 / Répondre

    L’apparition du REAA dans l’histoire de la FM est très intéressante à plus d’un titre.
    – sur le plan du rituel, il marque une réelle rupture avec la force du mythe d’Hiram qui fait de celui-ci un réel initié, substitut de Jésus. Hiram est au 18ème siècle le personnage mythique capable d’unifier les religions judeo-chrétiennes et en ce sens il a une potentialité réellement révolutionnaire. En développant l’initiation vers des mythes chevaleresques le REAA place l’initié dans la tradition du « servant » qui dévoue sa vie et sa force au service du GADLU. C’est une démarche complètement différente que ce que représentait la légende d’Hiram.
    – sur le plan politique, ne pourrait-on pas interpréter cette émergence du REAA comme un recul par rapport à la volonté de la FM hiramique de concurrencer l’influence de la papauté ? D’ailleurs, on pourrait constater qu’avec le développement du REAA, le mouvement maçonnique n’est plus potentiellement un risque politique pour l’église catholique.
    – aujourd’hui, il est clair que le REAA est devenu l’enjeu d’une version mondialiste de la FM qui ferait l’impasse sur la stratégie des obédiences. En cela, il s’affirme comme un contrepouvoir obédientiel à mon avis dangereux pour l’émergence d’une FM libérale universelle.

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