La transmission en franc-maçonnerie

Publié par Géplu
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vendredi 6 décembre 2019
  • 12
    Désap.
    11 décembre 2019 à 19h29 / Répondre

    11 – Je n’ai fait que répondre sur le même plan que celui sur lequel vous placiez votre critique de l’initiation et, partant, je vous décrivais la réalité de celle-ci.
    Maintenant que vous connaissez les raisons de cette fermeté égale à la votre, vous pourriez me répondre sur le fond en remplacement de votre procès d’intention, la discussion y gagnerait, nous pourrions confronter nos conceptions dans le respect des choix de chacun.
    Si je reconnais la valeur des réflexions de Augustin et Loyola, je suis plus sensible à la pensée de Eckhart. Néanmoins, je leur oppose Pythagore, Parménide, Démocrite, Socrate, Platon et quelques autre, et les textes des Pyramides.
    S’agissant de la religion, elle se disqualifie, de mon point de vue, par deux aspects.
    Tout d’abord les dogmes, le premier la Révélation.
    Si celle-ci fût une nécessité pour les Hébreux de sorte de faire Peuple, elle conserve toute sa légitimité parce que le Judaïsme n’est pas prosélyte, il est même exclusif. En conséquence et bien que celle-ci ne m’atteigne en rien, leurs croyances les regardent et personne ne peut objectivement et valablement critiquer leur choix. Toutefois, une critique sur les principes reste possible et les Juifs y sont très ouverts dans la mesure où celle-ci s’établit avec tout le respect requis.
    Le second aspect. Le christianisme s’est construit comme une critique farouche et violente, au sens propre de ces termes, initialement contre les Pharisiens, puis contre toute la culture antique.
    L’un de ses actes les plus abjects fût la destruction quasi totale de la Grèce antique et de sa pensée. Entre autres ceci entraina une régression notoire de la civilisation dès Nicée et jusqu’à la Renaissance, les citées antiques, splendeurs d’architecture et d’organisation, sont tombées en ruine, les philosophes massacrés et leurs immenses connaissances scientifiques, philosophiques, spirituelles ont fait l’objet de gigantesques autodafés. C’est une perte inestimable, un crime contre l’humanité également au sens propre.
    Ceci au profit d’une dévotion pour un homme qui, sauf le fondamentalisme religieux, n’a rien apporté en comparaison.
    Cependant, vous vouliez mon avis sur la religion, je vous le donne. Mais, à l’image des Juifs et du Judaïsme, celui-ci me regarde et je n’en propose ni n’impose aucun partage.
    Par ailleurs, je suis maçon et en tant que tel je ne saurais porter de critiques vis à vis des croyances de chacun, je n’ai aucun avis là-dessus.
    En revanche, il se trouve que la Franc-maçonnerie à des règles, dont l’une d’entr’elles stipule qu’aucune discussion ni principe religieux ne pénètre dans la loge. Or, nous assistons depuis une vingtaine d’années et de manière très marquée depuis 2012 à un phénomène d’entrisme religieux déjà vu au 18ème siècle et qui fît long feu. Aujourd’hui il ressurgit avec une force décuplée.
    Vis à vis de mes Frères, et vis à vis d’eux seuls, je m’insurge contre cette anomalie qui porte en elle la dénaturation complète de la Maçonnerie.

  • 10
    Désap.
    11 décembre 2019 à 10h23 / Répondre

    9 – C’est méconnaitre fondamentalement le principe initiatique que de prétendre qu’il se situerait dans un processus temporel.
    Si la condition sine qua non d’accès à la connaissance, autrement nommée initiation, nécessite a priori de se connaitre soi-même, ceci concerne le travail des deux premiers grades qui ne font pas des candidats à la maitrise des initiés ; seul le maitre l’est.
    Le travail consistant à se connaitre soi-même ne relève pas de la détermination de ses qualités et défauts, mais bien de la nature fondamentale de l’Homme appuyé sur la connaissance de son principe, l’Etre ; ceci de sorte de mettre cette connaissance en comparaison de ce que, notamment, le dogme abrahamique en affirme.
    Par ailleurs, la loge, quelque soit le grade auquel ses travaux seront ouverts, reste dans tout les cas une loge de Maitres.
    Dans tout les cas, la loge, autrement nommée « espace sacré », l’est d’autant plus réellement qu’elle se situe dans son principe hors du temps et de l’espace quand, en comparaison, l’église se situe toujours dans le temporel, notamment lors du premier de ses rites liturgiques. Du reste son principe, la Résurrection, est fondamentalement une mise dans le temporel d’un principe, en la personne de Jésus, qui s’envisage divin.
    L’initié, au contraire du croyant, se détermine par sa capacité à s’extraire intégralement, par son esprit, du temps, de l’espace, de la matière et de tout influence cyclique, ceci de manière à se donner les moyens objectifs de connaitre la réalité qui se cache sous le voile de ce qui parait.
    .
    Ce qu’exprime KASSIAN n’est jamais que le discours basic du fondamentalisme chrétien. Ce discours est archi connu et s’il imagine pouvoir nous « coincer », qu’il continue, ce sera autant d’occasions de démontrer toute la médiocrité de la pensée dogmatique.
    On remarquera que ce fondamentaliste religieux est régulièrement approuvé par les thuriféraires de la GLNF, MARCOS TESTOS et WILLIAM, cependant que celui-ci leur renvoie l’excommunication en pleine figure.

    • 11
      KASSIAN
      11 décembre 2019 à 15h10 / Répondre

      10 – si vous incluez dans la médiocrité de la pensée dogmatique les réflexions de Saint Augustin ou d’Ignace de Loyola, on ne peut que tenir votre science en très haute estime. Sans être moi-même une grenouille de bénitier je remarque chez vous une sainte horreur de la religion: sorte de sous-culture crasseuse et mentalement handicapante. Vous opérez une séparation entre croyant et initié, comme si l’un était congénitalement circonscrit aux bornes de la vie ordinaire quand l’autre, parvenu à un niveau de connaissance et de conscience inconnu, parviendrait à casser des briques rien qu’à la force de son esprit débridé. Vous savez bien qu’il existe des croyants en loge et cela ne devrait pas tant vous gêner.
      Laissez moi aller plus loin : si de la transmission en FM résulte ce sentiment vaniteux hérité du décorum, si la FM cesse d’être une authentique ouverture à l’autre sans présupposés en fonction des croyances, couleurs de peau ou bord politique, alors elle devient un dogme en contradiction avec ces principes.

  • 9
    KASSIAN
    10 décembre 2019 à 18h28 / Répondre

    1- Très beau texte qui appelle quelques remarques. La connaissance réelle, celle qui se place au dessus de la connaissance rationnelle, ne prend forme que lorsqu’elle devient déterminable par les effets qu’elle produit sur l’homme initié. Sans instanciation, elle ne peut se distinguer de vulgaires expériences temporaires d’états modifiés. Par ailleurs si la connaissance s’obtient par une succession d’états toujours plus profondément dans l’être, ce processus me semble disqualifier la notion même d’initiation qui suppose l’existence d’une temporalité, d’un « avant » et d’un « après ». La nature même de l’initiation pose question dès lors qu’il s’agit de se connaître soi-même, quand les privations ou les horreurs de la guerre ont d’avantage renseigné certains individus sur la nature humaine que l’épée et la corde. Si le renvoi aux périodes antiques du schéma de transmission est séduisant, il omet l’intrusion toujours plus envahissante de la science au cœur de la société humaine. Le transhumanisme est appelé à révolutionner l’accès à la connaissance matérielle, et ne manquera pas de questionner la mystique initiatique.

  • 6
    joab's
    9 décembre 2019 à 10h10 / Répondre

    Bonne question : que devons-nous transmettre ? Faute de le savoir, nous risquons de transmettre des bétises et des déviations. Ce qui est, hélas, parfois, le cas dans la FM d’aujourd’hui.
    Et c’est parfois ce que nous lisons sur ce blog le montre, puisque ce blog est un organe de transmission. Nous constatons, hélas (le blog public etant evidemment un amplificateur) que justement des considerations de « boutique », de militantisme, d’intérêt ont pour plusieurs pris le dessus sur la transmission franc-maçonnique tri-centenaire. Je le déplore une fois de plus, au risque d’irriter Geplu (et evidemment les militants des « boutiques »). En d’autres temps, on appellait çà les « marchands du temple » qui vendent des gadgets.
    Alors, faut-il transmettre la fidélité à une organisation de division des FM ? MA réponse est évidente ! NON ! Au contraire, il faut la fuir.
    Suffit pas de critiquer ce qu’il ne faut pas transmettre ! Qu transmettre alors ?
    Il me semble que la FM ne transmet pas des « vérités », dogmes prêts à gober, mais un contraire, une méthode, un processus pour nous rendre réceptifs d’abord, puis cherchants, puis profonds. Et, evidemment, ce n’est pas le contenu, mais la methode qui est l’objet de la transmission.
    On apprendra, par exemple(les echanges sur ce forum montrent que ce n’est pas acquis) à considérer, au delà d’une contrariété factuelle que celui qui nous contrarie est d’abord un Frère et son idée considérée comme fraternelle(y compris lorsqu’il fait partie d’un groupe rejeté…). D’où les « non-reconnus(d’obédience) » sont des ignominies de boutique qui ne meritent aucun respect. Nous devons respecter nos Frères(sans préjuger du sexe) avant tout et si des boutiques s’y opposent, pietinons la boutique ?
    Revolutionnaire ? Non ! Au contraire, fidélité absolue à la tradition franc-maçonnique … mais oui, subversif vis à vis du pouvoir des « boutiques ».
    Un autre aspect, devrait, me semble-t-il d’éviter les arguments d’autorité. Quelque soit l’intérêt de Guénon (il a apporté un reflexion solide), il n’engage que Guénon. D’ailleurs, lui-même invite à construire ses idées propres.

    • 7
      joab's
      9 décembre 2019 à 10h16 / Répondre

      En atténuation de mon propos, il est vrai qu’un blog public n’est pas le lieu où s’effectue la transmission franc-maçonnique, le SEUL lieu étant la loge en tenue maçonnique (ce qui rend d’autant plus odieux les divisions boutiquières). Pour autant, notre FM nous apprend que la transmisison le lien en logfe s’etend au delà)

    • 8
      Désap.
      9 décembre 2019 à 11h06 / Répondre

      6 – « Et, evidemment, ce n’est pas le contenu, mais la methode qui est l’objet de la transmission. »
      Excellemment juste ! Il n’y a d’ailleurs aucun contenu dans la Maçonnerie, ce n’est qu’une méthode de réflexion fondée sur l’objectivité et qui, par définition, s’inscrit à l’inverse de tout système de croyance.
      « il n’engage que Guénon. D’ailleurs, lui-même invite à construire ses idées propres. »
      Parfaitement exact et déterminant pour comprendre Guénon.
      Immense plaisir de te lire dans ce registre.

  • 4
    de Flup
    6 décembre 2019 à 12h43 / Répondre

    1: splendide commentaire,d’un niveau rarement atteint dans ce blog.
    Admiration et reconnaissance
    le vieux.

  • 2
    Désap.
    6 décembre 2019 à 9h24 / Répondre

    Ce n’est pas tant que le premier mot de l’initiation est une négation, c’est que le seul moyen d’acquérir la connaissance est la capacité à définir ce qu’elle n’est pas et, par transposition, ce que n’est pas le sujet d’une étude particulière.
    Si les deux premiers grades maçonniques traitent de l’Etre de manière à nous débarrasser de toute idée préconçue, condition qui seule permet de se connaitre soi-même, lui-même état impératif de l’accession à la connaissance (œuvres au noir et au blanc alchimiques), le troisième et ultime grade de l’Art traite du non-Etre, domaine des principes, lieu de la connaissance.
    Toujours garder à l’esprit que l’architecte établit les plans de l’édifice avec pour seul soucis non pas qu’il soit stable par principe, mais qu’il ne s’écroule pas sous l’effet des forces en présences.
    La manifestation est inclus en puissance dans la non-manifestation, cette dernière n’ayant aucun besoin de la première pour constater sa réalité.

    • 3
      William
      6 décembre 2019 à 12h25 / Répondre

      En voici (encore) une « vérité » assénée de manière péremptoire ! Tu te défends de tout dogmatisme mais une compilation de tes commentaires ressemblerait à la bible du parfait-maçon-qui-sait-tout-sur-tout… Une vie chaotique en loge ne t’a donc rien appris ?

      Affirmer comme tu le fais que « le seul moyen d’acquérir la connaissance est la capacité à définir ce qu’elle n’est pas » révèle, selon moi, un total manque d’expérimentation. Tu sembles te livrer à un travail d’intellectualisation au forceps par le biais d’une accumulation – louable – de savoirs, mais cela ne peut remplacer l’expérimentation dans le cadre d’une recherche initiatique. Puisque tu aimes gloser sur les architectes : ils ne se satisfont pas de tracer des plans, c’est leur exécution qui compte.

      • 5
        Désap.
        6 décembre 2019 à 15h22 / Répondre

        3 – Je regrette, l’édifice (manifestation du plan) ne peut avoir de réalité sans le plan (principe de l’édifice) qui, lui-même, est la manifestation de la pensée (principe du plan et de l’édifice) de l’architecte.
        L’édifice existe bien en puissance dans le plan, le plan existe bien en puissance dans la pensée de l’architecte. En revanche, ni l’édifice, ni le plan n’ont d’existence propre hors de la pensée de l’architecte parce qu’ils en dépendent de manière absolue, ainsi plan et édifice contiennent la pensée de l’architecte, non en puissance mais en conséquence de celle-ci, donc de manière passive.
        Ne serait que d’un point de vue purement matériel, l’ordre est bien : pensée > non-manifestation du plan et de l’édifice, plan et édifice > manifestation de la pensée.
        Objectivement, je veux bien que tu me démontres le contraire.
        Ensuite, l’intérêt ou non de l’exécution du plan, c’est un autre sujet et il n’est pas déterminant de l’ordre d’apparition pensée, plan, édifice, ni dans ce qui est actif et passif.
        Par ailleurs, c’est le principe de l’initiation, c’est ça le « connais-toi toi même » des deux premiers grades et la maitrise c’est, entre autres, connaitre ce qui est passif et ce qui est actif et être conscient de notre puissance qui induit la responsabilité univoque de nos actes, celle-là même annulée par le Pardon.

  • 1
    Anwen
    6 décembre 2019 à 5h17 / Répondre

    Il semble que la première deschose à entreprende est le pélerinage de son propre « Soi », c’est-à-dire se connaitre soi-même.
    « Connais-toi toi-même » disait l’expression inscrite sur le fronton du temple de Delphes.
    La connaissance ne peut être acquise que par une compréhension personnelle que l’homme doit trouver seulement en lui-même. Aucun enseignement « conventionnel » n’est capable de donner la connaissance réelle.
    Sans cette compréhension, dit René Guénon, aucun enseignement ne peut aboutir à un résultat efficace, et l’enseignement qui n’éveille pas chez celui qui le reçoit une résonance personnelle ne peut procurer aucune sorte de connaissance. C’est pourquoi Platon dit que « tout ce que l’homme apprend est déjà en lui » et qu’Ibn Sina exprime ainsi : « Tu te crois un néant et c’est en toi que réside le monde. ». Toutes les expériences, toutes les choses extérieures qui l’entourent ne sont qu’une occasion pour l’aider à prendre conscience de ce qu’il a en lui-même. Cet éveil est ce que Platon appelle anamnésis, ce qui signifie « réminiscence ». Si cela est vrai pour toute connaissance, ce l’est d’autant plus pour une connaissance plus élevée et plus profonde, et quand l’homme avance vers cette connaissance, tous les moyens extérieurs et sensibles deviennent de plus en plus insuffisants jusqu’à perdre finalement toute utilité. S’ils peuvent aider à approcher la sagesse à quelque degré, ils sont impuissants à l’acquérir réellement, quoiqu’une aide extérieure puisse être utile au début, pour préparer l’homme à trouver en lui et par lui-même ce qu’il ne peut trouver ailleurs et particulièrement ce qui est au-dessus du niveau de la connaissance rationnelle. Il faut, pour y atteindre, réaliser certains états qui vont toujours plus profondément dans l’être, vers le centre qui est symbolisé par le cœur et où la conscience de l’homme doit être transférée pour le rendre capable d’arriver à la connaissance réelle. Ces états qui étaient réalisés dans les mystères antiques étaient des degrés dans la voie de cette transposition du mental au cœur.
    Ceux qui se font initier, dit Aristote, apprennent moins quelque chose, qu’ils ne font l’expérience de certaines émotions et ne sont plongés dans un état d’esprit particulier.
    « Tu souriras alors, en connaissant si simples, les notions qui te paraissaient si abstruses lorsque tu n’étais qu’un profane, et tu avoueras qu’il n’était pas d’explication possible, avant l’investigation personnelle, destinée à préparer ton esprit à recevoir les semences du vrai. Et c’est dans ce sens qu’il est dit que nul ne peut être initié que par soi-même. » (E.J. Grillot de Givry, Le Grand Œuvre)
    Précisons que le mot initiation dérive d’initium et que ce terme signifie proprement « entrée » et « commencement » : c’est l’entrée dans une voie qu’il reste à parcourir par la suite ; c’est aussi le commencement d’une nouvelle existence au cours de laquelle seront développées des possibilités d’un autre ordre que celles auxquelles est étroitement bornée la vie de l’homme ordinaire.
    (Le sens caché, le sens ésotérique des faits, des textes, des livres religieux, ne semble pas pouvoir être compris par la généralité des hommes : c’est pour cela que l’antiquité avait institué l’usage de l’initiation, conférée seulement à ceux qui voulaient bien se soumettre à une longue étude et qui consentaient d’avance à accepter les conclusions de la science. Mais ceux qui veulent voir clair dans les choses abstraites a priori, c’est-à-dire avec leurs seules facultés, ne voient rien, et ils nous le prouvent bien, puisque leur premier mot est toujours une négation.)

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