Franc-Maçonnerie : ‘Mais le secret n’existe pas !’

Publié par Jiri Pragman

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lundi 1 septembre 2008
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  • 13
    jb.bienvenue
    3 septembre 2008 à 17h04 / Répondre

    Horus a écrit le 03/09/2008 (commentaire 9) :

    … le dépôt du sigle Grand Orient Féminin de France, déposé par la GLFF au lieu du GODF. (au passage je trouve cela bizarre)

    Rien de bizarre à cela à mon sens : quand on effectue ce genre de dépôt, ce n’est pas nécessairement parce qu’on a l’intention d’un jour s’en servir, mais surtout pour empêcher que d’autres puissent le faire …

  • 12
    vincent
    3 septembre 2008 à 13h43 / Répondre

    Merci Apprenti63 pour ton partage de réflexion…

    Et peut-être que le plus important est de constater le côté « mystérieux » de la Maçonnerie…

  • 11
    Apprenti63
    3 septembre 2008 à 9h05 / Répondre

    @ Horus
    J’ai sans doute réagi de manière un peu épidermique sur certains points, et je retire volontiers mon propos sur la condescendance de ton premier message, qui ne m’apparaît plus aussi évidente.
    Ta réflexion sur les trois grandes orientations de la FM est intéressante, mais personnellement le cheminement initiatique que la méthode de travail maçonnique nous propose m’apparaît absolument indissociable du combat social humaniste et, particulièrement, de la défense du principe de laïcité : c’est bien ce principe qui permet d’envisager (ou de rêver à…) une fraternité universelle, but ultime de la Maçonnerie. Par son parcours personnel, en se détachant des métaux, en dégrossissant sa pierre brute, l’Initié est bien conduit par une exigence intérieure, qui est de conquérir une liberté intérieure, en luttant contre toutes les idées reçues, les préjugés de toute nature, les passions qui obscurcissent son jugement et limitent sa pensée.
    Cela rejoint le combat pour la laïcité, qui affranchit chaque individu des croyances obligées ou imposées, oeuvre pour l’émancipation des esprits, donne à chacun la possibilité de devenir un citoyen autonome et éclairé et permet seule de « réunir ce qui est épars » (belle formule qui peut se comprendre sur plusieurs niveaux complémentaires : le maçon, la loge, la FM, l’humanité….)
    Encore une fois, cet aspect « social » pour faire court ne l’emporte pas pour moi sur l’aspect initiatique: il lui est consubstantiel.

    @ Vincent
    Je n’ai pas dit que l’école laïque etc étaient des « résultats de la maçonnerie », loin de là! Mais on ne peut pas nier que la maçonnerie, entre autres mouvements de pensée et organisations, a joué un rôle déterminant.
    Rappelons qu’il n’existait pas de partis politiques au sens où nous l’entendons de nos jours dans les années 1870. Le GODF et la GLF, organisations structurées, organisées, déterminées à promouvoir certaines valeurs, ont joué un rôle de premier plan – qu’on le regrette ou qu’on s’en félicite d’ailleurs. Certains politiques disaient ouvertement (tel Jules Ferry) qu’ils s’appuyaient sur la FM pour mettre en oeuvre ses réformes scolaires dans un contexte où la République était encore un régime fragile, contesté tant par l’Eglise que par des forces politiques conservatrices (monarchistes, bonapatristes…).

    Alors en effet, il y a le risque d’oublier ou de faire passer au second plan les rituels et le symbolisme. Mais je te rassure, on peut concilier les deux! Je vais bientôt présenter une planche sur un sujet parfaitement symboliste (ce qui est préconisé pour un Apprenti dans mon atelier).

    Voilà, j’ai encore été trop long, mais je n’ai aucun esprit de polémique. Je trouve au contraire l’échange que nous avons particulièrement intéressant.

  • 10
    vincent
    3 septembre 2008 à 2h32 / Répondre

    Cher Apprenti63,

    Je me permet d’intervenir entre toi et Horus pour dire : j’aime la Franc-Maçconnerie qui est un espace, une methode très précieux dans notre monde qui va trop vite pour se laisser le temps de méditer avec sérénité…

    De mon point de vue, j’avoue que les prises de position politique du GODF me dérange car je ne vois pas trop comment conjuguer ces activités avec VITRIOL qui résume tellement bien la démarche maçonnique.

    « Tolérance, progrès social, liberté absolue de conscience, laïcité »: sont-ce des résultats de la maçonnerie ou de personnes qui étaient franc-maçons ? N’y-t-il pas déjà d’autres lieux (profanes) pour supporter ces combats tout à fait légitimes, mais à mon avis, hors du champ des activités maçonniques ? Par exemple, les (vraies) Fraternelles ou même les partis politiques, les syndicats, les organisations de la société civile…

    Parler de politique en tenues, c’est comme faire la cuisine dans sa chambre à coucher, si l’on me permet cette anlogie. Et je vois un rapport direct entre la simplification des rituels du GODF et sa tendance aux activités profanes: à se rapprocher du profane, on s’éloigne du sacré et on ne s’intéresse plus aux rituels, on les considère même comme ridicule, inutiles…

    Dans ma propre loge, il y a des frères comme cela: je dois les respecter, mais, dans un sens, le discours militant qu’ils présentent, empêchent une activité d’introspection (ce qui est le propre de la maçconnerie à mon avis): ces discours sont louables, mais n’ont pas leur place en loge car on ne peut à la fois être en mouvement d’intériosation (VITRIOL) et en mouvement d’extériorisation …

  • 9
    Horus
    3 septembre 2008 à 0h50 / Répondre

    @ Apprenti63

    Euh, … je suis non moins surpris de la virulence de ta réaction. Même si je m’adressai à toi en exergue, je parlais sur un plan général et il n’y avait pas de condescendance dans mes propos lorsque je disais qu’on ne peut tout vérifier, la preuve : je n’ai pas vérifié l’info qu’on m’avait donné sur le dépôt du sigle Grand Orient Féminin de France, déposé par la GLFF au lieu du GODF. (au passage je trouve cela bizarre)

    Sur les dates, je pense contrairement à toi qu’elles ont leur importance et M. QUILLARDET (et tous ses prédécesseurs) ne les ignore sûrement pas. Je sais bien que cela est gênant, car c’est la démonstration d’une volonté de désinformer et de tromper. C’est sûr qu’il vaut mieux passer le plus vite possible … Le fait de persister dans cette voie, alors qu’il est pratiquement certain que quelqu’un lui a fait part de cette « erreur », est assez révélateur d’une mentalité. Et le terme de malhonnêteté intellectuelle n’est absolument pas outrancier et correspond exactement au délit …

    Sur le terme Ordre, sous-entendu maçonnique, personne ne l’a défini clairement, même pas Paul Naudon dans « l’Ordre et les Obédiences ». Cependant, je crois qu’il y a consensus pour dire que l’Ordre est universel et les Obédiences particulières. Dans ce cas, baptiser une structure interne d’Obédience de « Conseil de l’Ordre » relève, me semble t’il, d’un abus de langage, très calculé à mon avis, et tu admets toi-même la volonté hégémonique du GODF, ce qui démontre que tu n’es pas naïf, qualificatif que je ne t’ai pas attribué ad hominem si tu lis bien.

    « Sur la défense des valeurs humanistes, républicaines et laïques? Estimes-tu que cela ne devrait pas être au centre du projet maçonnique? »
    Il n’y a pas de projet maçonnique, pour la simple et bonne raison qu’il y a plusieurs maçonneries, plusieurs planètes maçonniques. Si l’une est une maçonnerie engagée qui a l’ambition déclarée d’intervenir sur le plan politique, l’autre est initiatique et spiritualiste, sans compter la troisième, qu’on peut appeler caritative, bien que ce terme soit un peu réducteur.

    Les maçons des deuxième et troisième planètes peuvent s’engager sur le plan sociétal, et beaucoup le font, mais à titre personnel. Pierre Simon, qui fut un ardent défenseur de l’avortement et de la dignité des femmes l’a fait à titre personnel, il n’a pas engagé son obédience avec force déclarations médiatiques.
    « Le bien fait peu de bruit, le bruit fait peu de bien ». Saint François d’Assise, je crois.
    Il n’y a pas de projet maçonnique également, (selon moi), parce que je pense que la Maçonnerie doit rester un Ordre initiatique, permettant la réalisation spirituelle de l’homme. C’est une aventure individuelle, qui aura bien sûr des résonnances sur le plan collectif.
    En s’engageant es-qualités dans la cité, la FM devient une institution comme les autres et perd sa qualité d’Ordre initiatique. Précepte : Agis sur le forum, mais ne fait pas du temple un forum.

    J’espère que mes propos ne seront pas taxés de virulents car je n’ai aucune intention de polémiquer.

  • 8
    Apprenti63
    2 septembre 2008 à 19h50 / Répondre

    @Horus
    Une dernière petite précison pour rétablir une vérité factuelle : ce n’est pas le GODF, mais la Grande Loge Féminine de France qui a déposé le nom « Grand Orient Féminin » à l’I.N.P.I. (Institut National de la Propriété Intellectuelle – que de sigles, que de sigles!!) Rendons à César…
    Un petit lien pour confirmation: http://www.icimarques.com/

    Tu as été légèrement emporté par ton élan et ton désir de démontrer à tout prix la volonté hégémonique du GODF!! (volonté qui existe bien, je l’accorde volontiers).

    Tu as bien raison, il faut se garder de tout « amalgame », de toute « confusion volontaire » (c’est une boutade, il faudrait des smileys pour agrémenter nos messages!, mais la confusion que tu as faite arrange bien ta démonstration!!)

  • 7
    Apprenti63
    2 septembre 2008 à 18h50 / Répondre

    @Horus
    Je suis très surpris et encore plus gêné par la virulence de ton commentaire, qui me semble bien plus catégorique et définitif dans la critique que mon intervention, plus mesurée que tu le penses. Je ne verse pas dans l’admiration béate!

    Tu aurais pu t’abstenir de la condescendance de ton commentaire final (« je ne veux pas accabler Apprenti63″… « on n’a pas le temps de tout lire ») : rassure-toi, malgré mon grade, je ne suis pas un « naïf » (autre appellation gracieuse figurant dans ton texte) et je connais assez bien l’histoire de la FM. Ton rappel historique détaillé était inutile. J’ai lu André Combes, Paul Naudon et autres excellents auteurs, merci bien, et ne m’arrête pas à des querelles de dates auxquelles tu accordes selon moi une importance disproportionnée.

    Accuser Quillardet de « falsification » et de « malhonnêteté intellectuelle » relève d’une outrance verbale peu en accord me semble-t-il avec l’idéal maçonnique (mais peut-être me trompé-je, n’ayant pas « eu le temps de « tout lire »…). Quillardet n’a jamais eu la prétention de parler au nom de TOUTE la FM, mais au nom de la principale obédience maçonnique : tu dis toi-même que Quillardet apporte cette précision dans l’entretien, il cite d’ailleurs d’autres obédiences mixtes et féminines (DH, GLFF). N’est-ce pas une légère contradiction dans ton analyse?

    De plus, les principes et valeurs maçonniques du GODF sont celles de toute la maçonnerie libérale : tolérance, progrès social, liberté absolue de conscience, laïcité. De ce point de vue, oui, quand il parle des valuers du GODF, Quillardet énonce naturellement les valeurs de toute la maçonnerie, mais je dirai par « extension », et non par « réduction » de la FM au selul GODF (j’espère être clair!)

    Quant à la confusion sur les significations du mot « Ordre », j’ai relu l’article dans tous les sens et n’ai rien trouvé qui corroborre tes dires. Sans doute fais-tu allusion à d’autres textes, mais il faudrait alors le préciser.

    Au-delà de cet a opriori négatif et ne laissant aucune place à la nuance, es-tu en désaccord avec Quillardet lorsqu’il rappelle le rôle du GODF pour la défense des valeurs humanistes, républicaines et laïques? Estimes-tu que cela ne devrait pas être au centre du projet maçonnique?
    Tu dénonces avec un certain mépris « une maçonnerie militante aux desseins politiques  » : le combat pour l’école laïque et républicaine dans les années 1870-1880, l’implication de la FM dans la séparation de l’Eglise et de l’Etat, tout cela est donc condamnable à tes yeux? S’agit-il des « desseins politiques » insupportables à tes yeux? Rassure-moi sur ce point! Ce sont des combats militants dont tout maçon devrait selon moi être fier, et effectivement, dans les années 1870-1900, c’est bien le GODF qui était en première ligne et a contribué à faire triompher dans les esprits l’idée républicaine, et a contribué (entre autres forces sociales, évidemment) à la sécularisation et à la laïcisation de la France. Et il est dans son rôle lorsqu’il s’inquiète de certains propos du Président de la République qui remettent en question le principe de laïcité.

    Qu’on ne se trompe pas : je ne vois pas dans le GODF l’unique intervenant dans le débat public et politique qui aurait contribué à certains progrès majeurs, mais je trouve curieux que cet aspect de l’histoire maçonnique puisse être critiqué voire carrément repoussé.
    Enfin, il suffit de lire le livre que Quillardet a co-écrit avec Pierre Buisseret pour voir qu’il ne néglige pas, loin de là, la franc-maçonnerie « initiatique et traditionnelle ».
    J’espère que Horus lira ce message, et apportera d’autres éléments de réflexion – que je souhaite un peu plus mesurés et pondérés.
    J’ai dit.

  • 6
    Flupke
    2 septembre 2008 à 15h20 / Répondre

    Merci Ph Benhamou pour ta citation de Casanova.
    Rien ne vaut cette « définition » en effet

    Pour le reste les propos des GM passés, futurs comme les milliers de livres maçonniques publiés depuis 300 ans ne sont pas à classer comme étant des révélations du « secret maçonnique » qui est intime et particulier à chacun.
    Il y a autant de « secrets » que de cherchants …

  • 5
    vincent
    2 septembre 2008 à 13h33 / Répondre

    Merci Philippe… Tes citations me permettent de préciser ma pensée …

  • 4
    Philippe Benhamou
    2 septembre 2008 à 7h37 / Répondre

    A propos du secret maçonnique, rien ne vaut ce passage des mémoires de Casanova que j’ai déjà cité sur ce blog :

    « Le secret de la franc-maçonnerie est inviolable par sa propre nature, puisque le maçon qui le sait ne le sait que pour l’avoir deviné. Il ne l’a appris de personne, il l’a découvert à force d’aller en loge, d’observer, de raisonner, de déduire. Lorsqu’il y est parvenu, il se garde bien de faire part de sa découverte, fut-ce à son meilleur ami puisque s’il n’a pas eu le talent de le pénétrer, il n’aura pas non plus celui d’en tirer parti en l’apprenant oralement. Ce secret reste toujours un secret.

    et j’ajoute, pour le plaisir de la rime, ce poème du 18e :

    Pour le public un franc-maçon
    Sera toujours un vrai problème
    Qu’il ne saurait résoudre à fond
    Qu’en devenant Maçon lui-même

    Philippe Benhamou

  • 3
    vincent
    2 septembre 2008 à 1h58 / Répondre

    « Mais le secret n’existe pas! C’est une fausseté. Le seul secret c’est celui de l’initiation. » (tiré de l’entretien du frère Quillardet).

    Alors secret ou pas secret ? Il y a, dans ces propos, une belle contradition: il y a un secret, mais il n’existe pas ! Belle contradiction et tant mieux car c’est par l’étude des contraditions que l’on élargit notre compréhension de soi et du monde, je crois (on appelle ça la dialectique qui est l’outil le plus important qu’un apprenti spéculatif devrait toujours apprendre à utiliser en premier).

    Il y a bel et bien un secret, mais sur un plan autre que celui des petites cachoteries au demeurant du domaine profane. Ce secret ne se comprend qu’en le lisant à travers la lunette du sacré. Secret et sacré sont des termes appartenant à toute société initiatique.

    Le secret est un catalyseur qui invite et permet aux frères et soeurs de se plonger dans leur propre inconnu, dans l’Inconnu (ce mot devrait nous dire quelque chose, non ?) . Le secret est essentiel pour qui veut accomplir une quête spirituelle dans le sens le plus large (rien à voir avec les religions institutionalisées), activité qu’il faut dissocier de toute activité d’extériorisation comme les activités militantes ou universitaires. On retrouve là la séparation nécessaire entre le monde exotérique (le profane) et le monde esotérique (le sacré).

    Je crains que bien souvent des mots comme le sacré et l’ésotérisme soient biaisés, chargés de « mauvais sens », pris en tenaille par une histoire occidentale trop exclusive, trop facile, trop matérialiste, trop « fast food » même et trop prête à jeter aux poubelles toutes les expériences humaines des millénaires passés: merci à la Renaissance et aux Lumières d’avoir jeter l’anathème sur le sacré.

    À ce propos, je suggère la lecture du récent Hors Série de Sciences et Avenir : Moyen Âge: le nouveau regard des chercheurs. Grâce à ces articles, il m’apparaît très clair que la maçonnerie doit beaucoup plus au Moyen-Âge qu’aux Lumières. Et je me demande si la naissance des obédiences spéculatives pendant ce siècle des Lumières ne serait pas comme une tentative de protéger ce savoir médiéval qu’a voulu mettre en pièce le rationalisme des Lumières (en particulier en France).

    Il est peut-être temps que certains d’entre nous sortent de leur rationalime sectaire (C’est ce qui ce passe avec toute tentative de paradigme unique): sortons du carcan du positivisme d’Auguste Comte, un carcan tellement inhumain que ce dernier en est devenu fou d’ailleurs.

    En tout cas, quand Malreaux disait : le XXI siècle sera spirituel ou ne sera pas, j’ai envie de « plagier » en disant que le XXI siècle sera spirituel s’il s’ouvre à l’étude et à l’interprétation du sacré et du secret et il ne sera pas s’il ne s’ouvre pas à cela. Il me semble très important de donner à ces mots des sens plus authentiques, plus constructifs, aussi essentiels à vie humaine que le profane peut l’être, lieu de la vie de tous les jours …

    Avant de combattre le secret, tâchons de faire suffisament longtemps (le temps d’une vie ? C’est si court, une vie) confiance en nos pères et au lieu de juger, tâchons de se jeter littéralement dans le vide de la foi maçonnique (le mot foi est d’ailleurs encore un de ces mots que l’on ne se laisse pas le temps de saisir…).

  • 2
    Horus
    2 septembre 2008 à 1h08 / Répondre

    Je ne partage pas tout à fait l’enthousiasme d’Apprenti63 au sujet de M. QUILLARDET.
    S’agissant de la clarté avec laquelle il s’exprime, il y a beaucoup à redire. En effet, il est coutumier de la manipulation sémantique du mot « Ordre », pris au sens d’Ordre Maçonnique (auquel se référent toutes les Obédiences) avec la structure « Conseil de l’Ordre » propre au Grand Orient de France. Le lambda moyen et même nombre de maçons, j’en suis persuadé, penseront à travers cet abus de langage, que le Grand Orient, c’est LA Franc-Maçonnerie. Idem pour des appellations telles que Institut Maçonnique de France, Musée de la Franc-Maçonnerie, toutes marques déposées, propriétés du GODF et relevant du seul GODF. Même l’appellation Grand Orient Féminin de France est déjà déposée. C’est une autre histoire mais révélatrice d’un plan que seuls les naïfs ne voient pas.
    Au total, et sans alourdir par d’autres exemples, ce n’est pas la clarté qui domine chez lui, mais la confusion volontaire, l’amalgame calculé qui s’apparente fort à de la malhonnêteté intellectuelle, je n’ai pas peur du mot. Si je reconnais à M. QUILLARDET le droit de parler au nom du GODF, je ne lui reconnais pas le droit de parler au nom de la Franc-Maçonnerie. Aux profanes, il explique ce qu’est une maçonnerie militante aux desseins politiques en évitant soigneusement de parler de la Maçonnerie initiatique et traditionnelle, pourtant plus importante en nombre, toutes obédiences confondues. Mais il parle comme s’il parlait au nom de toute la Franc-Maçonnerie.

    Dans l’interview de Lyon il dit aussi que « Le Grand Orient de France est la principale obédience en nombre et la plus ancienne puisque nous existons depuis 1728. »
    Le site du Grand Orient est plus subtil dans la falsification de l’Histoire. Il dit « Le Grand Orient de France, né en 1728, va se constituer sous ce nom en 1773 et restera la seule Obédience Maçonnique en France jusqu’à la fin du siècle dernier. »

    Il y a un aspect cocasse dans cette volonté d’hégémonie : en 1973, le GODF a fêté son bicentenaire et en 2003 il a fêté le 275ème anniversaire de la Maçonnerie en France qui devient par la même, le 275ème anniversaire du GODF ! C’est ainsi qu’a été fabriqué la nouvelle date de naissance du GODF (1728). M. QUILLARDET communique volontairement sur une contre-vérité flagrante car les sources historiques sont facilement consultables.

    En 1728, les Francs-Maçons français décident de reconnaître comme « grand maître des Francs-Maçons en France », Philippe, Duc de Wharton (1698-1731), qui séjourne à Paris et à Lyon de 1728 à 1729, et qui avait déjà été, en 1773, grand maître de la Grande Loge de Londres.
    Si l’existence d’un grand maître en France est ainsi attestée dès 1728, il faudra cependant attendre dix ans de plus pour qu’une véritable assemblée des représentants de toutes les loges « anglaises » et « écossaises » constitue pleinement la première Grande Loge de France le 24 juin 1738 et institue Louis de Pardaillan de Gondrin (1707-1734), deuxième duc d’Antin, « Grand Maître général et perpétuel des maçons dans le royaume de France ». C’est de cette Grande Loge que naîtront toutes les obédiences françaises actuelles.
    Ceci est la vérité historique. On est loin des falsifications de M. QUILLARDET, mais je reconnais qu’il n’est pas le seul au GODF à vouloir réécrire l’histoire dans un sens qui convient mieux aux desseins des dirigeants récents du GODF.
    En disant tout cela, je ne veux pas accabler Apprenti63, ni même les Frères du GODF, car on n’a pas toujours le temps de tout vérifier, mais mieux vaut être vigilant envers des personnes qui se sont emparées des commandes du GODF pour des fins autres que maçonniques, et dont nombre de maçons du GODF ne partage pas les déclarations.

  • 1
    Apprenti63
    1 septembre 2008 à 19h49 / Répondre

    Rien de très nouveau dans cet entretien, mais j’ai toujours apprécié la clarté avec laquelle Quillardet se sera toujours efforcé de présenter l’objet et le fonctionnement de la FM aux profanes, avec force et simplicité.
    Je pense vraiment qu’il a redonné au GODF la sérénité dont il avait besoin, car c’est quelqu’un de posé et de pédagogue.
    De même, sur un sujet qui mérite sans doute débat, ses prises de position sur l’extériorisation de l’obédience, qui pour lui devrait davantage fonctionner en plein jour en en finissant avec le « culte du secret », ouvrent des perspectives de réflexion importantes pour l’avenir de la FM.

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