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Réponse à 8 de Charles Coutel du 1 octobre 2025 à 10h34
Mon regard sur les sociétés humaines a eu comme fondations en quelque sorte éducatives à la racine les échos de la fin de guerre d’Indochine, puis ceux de plus ne plus violents des massacres dans les départements d’Alger, Oran, Constantine … entre 500 000 et 600 000 morts et combien ??? d’handicapés physiques et mentaux des deux côtés de la Méditerranée … puis et enfin après 62 par un séjour professionnel prolongé dans la jeune Algérie indépendante.
Mon héros de jeune homme n’était donc certainement pas le professeur d’anglais G.Mollet résistant entre 40 et 45, socialiste, franc maçon dès 1934. Mais hélas pour moi il fut aussi le Président du Conseil assisté de F.Mitterrand à la Justice qui a dramatiquement retourné sa veste lors de la « journée des tomates » et s’est fait voter des pouvoirs spéciaux par l’Assemblée nationale, le 12 mars 1956, donnant au gouvernement et à l’armée des moyens considérablement accrus pour la répression qui n’est pas pour rien dans le bilan sinistre évoqué en début de note.
Que dirions nous aujourd’hui d’un pays qui aurait un tel bilan ?
Mon héros d’adolescent fut donc le Gal de la Bollardière seul militaire de ce niveau à avoir protesté contre la torture systématisée et sanctionné par ce gouvernement Mollet, carrière quasi brisée, en avril 57.
Toute cette digression pour souligner que dans une loge chaque initié vient avec un passé, une culture, un vécu, un affectif qui lui est propre et souvent très différent de celui des autres membres.
Pour résumer à l’extrême ma pensée il m’est impossible d’imaginer que les droites sont forcément dans le camp du mal et les gauches forcément dans le camp du bien ou … inversement comme beaucoup veulent le faire croire, en quelque sorte une story telling politicienne bien commode pour manipuler les amnésiques chroniques.
Ayant vécu ces retournements de veste politiques, bien dissimulés maintenant sous le tapis du temps qui est passé, il m’est impossible d’imaginer comme toi, en cas de tempête sociale et ou politique, à l’existence d’une grande capacité de résistance collective de cet ensemble vivant constitué par les Francs Maçonneries.
Ceci dit la Franc Maçonnerie est une très belle utopie.
précision Guy Mollet a démissionné en 1969 du GODF, à ma connaissance il n’en a pas été exclu nonobstant le vote du 12 mars 1956
L’expression la plus répandue dans les évangiles, prêtée au personnage Jesus est “en vérité, en vérité, je vous dis …” ce qui est bien plus intéressant que prétendre “dire la vérité “ (ce qui est à la portée de tous les menteurs.
Alors que retirons-nous d’une tenue en loge ? Révélation de la” Vérité “? Nous convenons tous que ce serait presomptueux et en tout cas pas l’objectif (sauf peut être pour une frange de la FM).
Alors oui, même si c’est naïf, on peut avoir gouté de la sincérité, l’authenticité, la réalité de ce que les FF (sans préjuger du genre) ont transmis par la fraternité justement.
La chaîne d’union RF est éloquente à ce sujet.
Sur la base du rôle du 1erS, en effet chacun reçoit un “dû” à la clôture, des secrets que l’on enferme au plus profond de soi.
C’est beau dans sa simplicité, voire naïveté. Avant que d’autres considérations profanes le polluent.
Mais de qui parles-tu ? Personne ne prétends dire la vérité absolue en maçonnerie. Le rituel dont il est question évoque la « recherche de la vérité » et pas « la trouvaille de la vérité ».
Il y a une grande différence entre La vérité, comme un absolu et les « vérités acquises », les petites vérités que l’on accumule très progressivement et qui nous font progresser.
Bien d’accord avec Yvan. L’exigence indiquée par la « recherche de la vérité » est antidogmatique . C’est ce que les grecs appelaient le zététique. Chercher ensemble les réponses à un même problème est une Ecole d’humilité sans humiliation . Sans compter que parfois il arrive que l’on nous dise .. nos « quatre vérités « , ce que font nos vrais amis dans la discrétion.. il s’agit toujours de nous aider à rester fidèles à nos idéaux communs, condition pour faire rayonner le Triangle de l’Emancipation. Charles Coutel.
Dans un monde en perpétuelle évolution ou tout est changement, où l’Homme lui-même est en devenir, où les découvertes scientifiques sont toujours provisoires, je suis d’accord avec notre S Brumaire dire « vérités acquises » est un abus de langage. Je ne dis pas dogmatique, car nos rituels (issus de main humaine) sont des dogmes.
11-12- Au bout de 50 ans de FM, et après avoir assisté à pas mal de tenues au RF du GODF, je me pose toujours la même question quant à vos fameuses vérités acquises en tenue…moi, je ressors des tenues avec des questions que mes FF et SS dans leurs planches, ont bien voulu faire apparaître. Quant au rituel, il n’est pas là pour faire acquérir des vérités, mais pour faire chercher un chemin.
En plus, la suite des « vérités acquises », « ils prépareront… etc comment en être aussi sûr? Ça sonne comme les incantations du PCF dans les années 50…
Restez donc plus modestes svp.
Charles, excuse-moi, tu n’as pas répondu à ma question, ou alors c’est moi qui devient obtuse.
Je t’accorde que l’expression « vérités acquises » est bien confuse . Dans mon esprit cette expression renvoie aux efforts que chacun fait en Loge pour s’instruire et revenir sur ses préjugés. Rien de figé ni de dogmatique donc .
Quelle mauvaise foi !
Et il en faut toujours un à un moment qui verse dans les propos profanes.
à 24 Ne peut on (comme je l’ai toujours fait) lire: « les vérités qu’ils ont pu acquérir ».Ce qui montre bien qu’il s’agit d’une démarche et d’une possible progression. Cela ne remet d’ailleurs pas en cause celles que l’on peut avoir connues avant de venir en FM. Ce serait bien prétentieux pour l’Ordre que de prétendre qu’il est le premier ou le seul à en proposer..
A 26 « ne raconte pas les découvertes que tu as faites – ou que tu feras » (sous entendu en loge)… et non pas » les vérités acquises ». « vérité « avec ou sans majuscule est inapproprié… – voire absurde.😊
27 – tout dépend dans quel monde vous vivez.
Si vous vivez sur Terre, oui, il y a des vérités acquises. Notamment en terme de liberté, de droit, de politique et de science.
Si vous vivez dans le monde du dieu impalpable, si vous habitez la Jerusalem céleste, oui en effet, il n’y a de vérité que celle inaccessible d’un dieu inconnaissable. C’est pratique pour traiter les autres d’inconséquents.
28 On est en Maçonnerie. De quelle liberté parlez-vous ? Laehert / désp.
à Remi 27 Bien sur mais comme quasi tout nos textes ce sont des conventions de langage ou d’écriture,nous aimons tellement les Grands Mots.
A 29 Certes mon cher Luciole,. Toutefois, les des conventions de langage sont elles recevable en loge pour un chercheur de vérité ? D’aucuns affirment qu’en FM qu’un « mot », un « point », une « virgule » on une grande importance, il y a là conflit, contradiction ( tu m’objectera que la Bible en est remplie), qui prête à sourire voire à la moquerie pour un apprenti ou profane de mauvais aloi. Dans leur temple, les frères la gratouille acquièrent des vérités. pfut !
« Un vase carré qui serait rond : curieuse façon d’être un vase carré », pourrait dire un Com écossais, en citant Confucius…
Bonjour
Quand je lis « la recherche de la vérité” je ne peux de penser aux paroles de Nietzsche:
You have your way. I have my way. As for the right way, the correct way, and the only way, it does not exist.”
« Tu as ta voie. J’ai ma voie. Quant à la bonne voie, la voie correcte et l’unique voie, elle n’existe pas. »
Néanmoins, je peux interpréter la « recherche de la vérité » comme un reniement de tout ce que l’on savait avant d’entrer en FM, ce qui ouvrirait la porte à d’autres explications de ce qu’« est » la FM.
Bonne semaine.
Le mot “vérité “ est dangereux ou inutile.
Car c’est la prétention de tous les menteurs.
De plus, personne n’a jamais annoncé qu’il allait dire des mensonges!
C’est donc une prétention, clameur inutile et bruyante.
Par contre, d’autres notions proches sont, elles éclairantes :
Sincérité, réalité, véracité, authenticité, acceptation.
Pire que la vérité, il y a les certitudes …
Personne n’a prétendu détenir la vérité. Mais ça n’empêche pas de la chercher. C’est même au centre de notre démarche en loge symbolique. Et ça ne veut pas dire qu’on va la trouver. C’est seulement une voie d’amélioration qui nous permet de nous en approcher en confrontant les vérités de chacun. Car si chacun détient une petite part de vérité, loin de me léser, chacun m’enrichît.
C’est la même chose en loge de perfection, dont le but n’est pas d’atteindre la perfection mais de s’en approcher.
Mais tu relèves un sujet important : pour certains, la recherche de la vérité peut être dangereuse voire inutile.
1- C’est quoi, stp, les » vérités qu’ils ont acquises » pendant la tenue? Une question que j’ai déjà posée plusieurs fois ici sans avoir de réponse…
Peut-être devrais-tu t’en faire une idée par toi même en participant à une tenue d’une loge travaillant au rite français au Grand Orient de France ?
Tu y constateras peut-être que tu y as appris une ou deux choses et que tu pourras peut-être les apporter au dehors ? C’est ainsi que je perçois cette phrase à la clôture de nos travaux, cette sensation qu’en loge je m’améliore un tout petit peu et que je j’emmène ça avec moi dans le reste de ma vie. Les « vérités » (le pluriel est important) étant ce qu’on retient d’une tenue, d’un morceau d’architecture notamment.
Peut-être n’y apprendras-tu rien ? Libre à toi de te demander pourquoi.
Pour ma part, je ne vois pas cette phrase comme un dogme. Surtout pas. Cette phrase a été introduite dans le rituel du 1er grade en 1922 si je ne me trompe pas, la version Gérard. C’est une des rares nouveautés de 1922 conservée dans la version dite Groussier de 1955 et dans les suivantes. Elle est je crois une invitation à s’investir dans la cité, bonifié du travail maçonnique.
Ces vérités appartiennent donc à celui ou celle qui les découvre. A chacun et chacune de découvrir les siennes …
Bonjour Brumaire , je tente de répondre à ta question : tout d’abord on dit bien « les » vérités », ce qui nous protège de tout dogmatisme . Ayant le bonheur d’avoir d’avoir connu F.Dagognet le m’avise que l’essentiel est de se définir comme « cherchant » et pas simplement chercheur . L’assiduité maçonnique nous apprendrait que la recherche de la vérité se doit de revenir sans cesse sur elle-même afin de se questionner : Diogène autant que Socrate. Charles Coutel.
Une précision sur cette phrase évoquant « les vérités qu’ils ont acquises » et pour replacer les choses dans leur contexte.
La phrase apparaît à la clôture des travaux mais à l’origine (le rituel 1922 que peu de maçons connaissent), elle faisait écho à un des échanges lors de l’ouverture des travaux.
Dans cet échange, le V:.M:. demandait au second sur:. « Comment les membres de cet atelier entendent-ils contribuer à cette œuvre » – sous entendu l’œuvre maçonnique. Et le second répondait « (…) par l’effort persévérant dans la recherche de la Vérité).
La majuscule et le singulier de Vérité paraissent ici explicites quand on sait qu’à la clôture « l’œuvre n’est pas achevée » et nous n’avons pas « trouvé » la Vérité mais tout au plus, avons-nous pu acquérir « quelques » vérités …
Face à la monstrueuse avalanche associant la dictature de la foule (ochlos), le repli ethnique (ethnos), et la fascination pour la guerre (polèmos) et les passions (hybris) ne sommes nous pas peu de chose avec notre recherche de la vérité qui reste une discipline surtout individuelle. Finalement discipline peu collective car quand les vents contraires se déchaînent les membres de la famille maçonnique se replient dans leurs diverses et antagonistes ethnies. J’ai vécu cela entre 1950-62 et cette tendance semble hélas reprendre force et vigueur sous une autre forme de guerre civile larvée où il n’y a plus d’adversaires mais seulement des ennemis avec lesquels on ne doit surtout pas dialoguer mais plutôt de préférence proférer insultes et invectives.
Bon je suis sans doute trop pessimiste !
Non, ne cédons pas au pessimisme ; il y a une grande capacité de résistance collective dans cet ensemble vivant constitué par les l FM.. simplement nous ne croyons pas assez en nous . Certains se servent des Obédiences au lieu de les servir, c’est classique, depuis Napoléon notamment .. je crois en la grande puissance de la recherche intellectuelle et de l’étude des textes classiques . Avec les Lumières prenons au sérieux la vision mélioriste des choses. Et d’abord en prenant grand soin de définir les mots que nous utilisons . Charles Coutel.
Il est plus facile de monter un mur que de construire un pont.
Comme disaient Chevallier et Laspalès, les murs ça nous protège du barbecue des voisins.
D’un naturel optimiste et j’espère constructif et progressiste, j’aime penser que les ponts nous permettent d’aller sur l’autre rive. Ils permettent aussi à ceux de l’autre rive de nous visiter. Mais il est impératif pour chacun de bien prononcer la lettre Shin. Pas étonnant qu’au grade de compagnon, tous les rites ont le même mot.
» L’expression “la recherche de la vérité” figure au début de l’article 1 de la Constitution du Grand Orient de France »
La Constitution est à la fois quelque chose qui relève du politique, du juridique et de l’organisationnel. Il y a comme un paradoxe à inscrire « la recherche de la vérité » dans la Constitution d’une entité en particulier, le GODF, alors que d’autres entités s’en réclament et que la recherche de la vérité reste fondamentalement ontologique et qu’on ne saurait lui conférer qu’un statut pragmatique.
La recherche de la vérité est-ce la méthode seulement ou bien la finalité, auquel cas, on ne pourrait faire l’économie de la définition de la vérité!
La contribution de Charles Coutel met en exergue la recherche de la vérité en tant que méthode, en tant chemin ordonné, sans pour autant pouvoir prédire ce qui se trouve au bout du parcours.
La vérité serait-elle assimilable à la parole perdue ?
Recherche qui se voudrait adogmatique, anamnésique et humaniste et donc non-théocratique
Que la méthode soit implicitement laïque, elle n’exclut pas donc de faire appel à des lumières du jardin zen car » on mesure dès lors la grande responsabilité historique des humanistes laïques et universalistes » (projet politique compatible avec une recherche de vérité au sens ontologique mais surtout anthropologique ?)
Entre scepticisme et eschatologie, la recherche de la vérité se place comme une fin en soi mais dont il serait laborieux de désigner les responsables !!
Merci pour ce travail très fourni qui renvoie à tant de possibles !!
Merci Yvan ; mon intention dans cette contribution est bien de souligner le dynamisme libérateur de la recherche la vérité. Si tu le juges utile je développerai la dernière partie , trop allusive, sur le Triangle de l’émancipation et le Triangle de la Servitude. Mais c’est un tel défi qu’il faut un travail fraternel et collectif. Gratitude et Fraternité.
Tes contributions sont particulièrement éclairantes pour nous maçons du G:.O:.D:.F:. travaillant au rite français, mais aussi je crois pour les maçons de tous les rites et de toutes les obédiences car le rite français tel que nous le pratiquons est un rite d’émancipation.
A l’occasion, si tu es sur Marseille les 2èmes ou 4èmes lundi, n’hésite pas à visiter la R:.L:. Alpha. Tu trouveras mes coordonnées sur le portail du G:.O:.D:.F:. si tu y as accès, sinon par ton V:.M:..
T:.A:.F:.
Merci tcf et bien noté. Charles.
Merci pour ce morceau d’architecture qui expose (plutôt très bien d’ailleurs) les motivations précises qui m’animent à chaque tenue dès le premier coup de maillet et jusqu’au dernier, sachant « qu’ils répandront (au dehors du temple) les vérités qu’ils ont acquises » et « prépareront par une action incessante et féconde, l’avènement d’une humanité meilleure et plus éclairée ».