L’Initié ignore la masculinité

J’avoue très humblement que cet articulet fort intéressant m’avait échappé. En guise d’excuse et en forme de clin d’œil je vais prétendre que l’illustration pascale en période de Noël ne m’avait pas inspiré.
Rappelons que la Grande Loge Suisse Alpina est une obédience régulière masculine et que si elle entretient d’excellentes relations avec la Grande Loge Féminine de Suisse, elle n’admet pas la présence des sœurs dans ses tenues et ses loges.
Ceci étant posé le texte de Didier Planche, qui écrit pour la GLSA, est juste et parfait. Il illustre avec finesse le parcours unificateur de l’initiation se poursuivant tout au long de la vie et ne se réduisant pas au seul retournement du cabinet de réflexion (ou de la chambre de préparation), première prise de conscience de l’androgénéité de la nature humaine.
L’auteur laisse parfaitement entendre qu’au sein de la Loge, creuset ésotérique ou se combinent les deux natures mâles et femelles, il n’est pas nécessaire de mélanger les sexes pour faire aboutir le processus de transmutation, chacun d’entre eux portant en lui-même deux genres.
Les arguments en faveur de la mixité comme ceux en faveur de la séparation identitaire sont parfaitement louables, toutefois ils ne sauraient exiger de tous l’uniformisation pour des raisons purement sociologiques, façon Bourdieu, qui conduisent à l’emploi par certains ultras de qualificatifs insultants tels que « sexisme », tout comme ils ne peuvent reposer sur des préjugés machistes aujourd’hui obsolètes et indignes d’un initié.
A chacun la liberté de choisir son chemin et son mode de locomotion. La véritable franc maçonnerie n’a que faire de querelles exotériques qui ne sont que des effets de mode.

Comme tout maçon je pense, ce que j’aime c’est la Vérité bien sûr, mais avant d’y parvenir il y a les vérités, celles dites lors du passage, sur Terre ou menant à l’élévation, précisément le même état.
Pour diverses raisons, comme celle de risquer sa vie pour la donner -aujourd’hui encore- ou parce que le principe engendre il tendrait plutôt vers une certaine féminité, j’ai la conviction que les femmes sont capables d’un recul bien plus important et profond que nous, bien plus souvent tas de muscles qu’intellect pur -c’est pourtant la vocation de l’initié.
Cette introduction fastidieuse pour saluer cette vérité de la Très Cher Soeur Marie-Dominique Massoni : « Que peut faire un être choisissant la voie de l’initiation s’il n’accepte pas les bascules de l’entendement, avec un masculin dominant qui ne lâche pas ? ».
A comparer aux dires du TCF Charles Rittmeyer au chapitre « Dépasser sa condition » qui sont creux de chez creux.
A propos de cette androgynéité nécessaire à la contemplation -entendons l’épitomé de la compréhension- je renvoie à Plotin.

Parce que en attendant de devenir l’androgyne parfait au moins spirituellement nous restons des humains ordinaires, avec les tyrannies des hormones,des conditionnements familiaux ,sociétaux, etc et que si nous souhaitons l’harmonie celle ci ne peut procéder d’un unisson détestable et réducteur.
Pourquoi exiger une uniformité de genre plutôt que de couleur,de taille,de beauté,de compétences,de talents etc?

Un texte très intéressant certes ! Initiatique – c’est incontestable… et pourtant, curieusement, il n’ y a guère de commentaires- d’échanges de points de vue. Dommage.

Merci à Didier Planche pour ce texte intelligent (et fraternel) qui démontre que le processus initiatique s’adresse aux êtres humains, sans les distinguer, et surtout sans faire d’exclusive.
Et merci à Géplu de nous faire part de ce concentré d’intelligence et d’humanité.