Cérémonie d’hommage à Arnaud Beltrame

Arnaud Beltrame était marié civilement à Madame Marielle V. depuis le 27 août 2016 ; il devait l’épouser religieusement le 9 juin 2018.
Le Rite Français, lors de la cérémonie d’initiation, dit :
– Cette charité que je vous recommande, cesse d’être une vertu lorsqu’elle est faite au préjudice de devoirs plus sacrés et plus pressants; des engagements civils à remplir, une famille à entretenir, des enfants à élever, des parents peu favorisés de la fortune à soulager, voilà les premiers devoirs que la nature nous impose; voilà les créanciers de tout homme qui règle sa conduite sur les principes de l’équité. Que penseriez-vous de celui qui voudrait paraître charitable avant de les avoir satisfaits ?
Le REAA au même moment ne dit rien de différent.

« Vous ne vous forgerez point d’idoles humaines… »

Sans remettre du tout en cause les qualités personnelles et professionnelles du F.°. Beltrame, je suis assez perplexe devant cette « héroïsation », pourquoi lui et pas tel policier ou tel pompier qui est mort en faisant son devoir ou même qui n’est pas décédé mais en a pris sciemment le risque en poursuivant un délinquant ou en tentant de protéger du feu une personne ou un bien ?

J’aurais tendance à penser que la « nature » de son meurtrier n’est pas étrangère à cette adulation, quand à donner son nom à un de nos temples, pourquoi pas ? Mais on ne m’enlèvera pas de l’idée que quand ce temple est aussi emblématique, il y a eu comme un parfum de « comm » dans cette « opération »…

Arnaud Beltrame, par son acte de bravoure et son sacrifice, est devenu un symbole de courage et de dévouement pour la France. Sa vie illustre une quête de sens et d’engagement à travers deux voies spirituelles et initiatiques complémentaires mais souvent considérées comme distinctes : le christianisme et la franc-maçonnerie.
En tant que catholique pratiquant, Arnaud Beltrame incarnait les valeurs chrétiennes de sacrifice, d’amour et de compassion. Son acte ultime de se substituer à un otage lors de l’attaque terroriste de Trèbes est un témoignage vivant de l’enseignement chrétien du don de soi. Cette action reflète la dimension sacrificielle de l’amour chrétien, où le bien-être d’autrui est placé au-dessus de sa propre vie, écho à la parole du Christ : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15:13).
L’engagement d’Arnaud Beltrame en franc-maçonnerie, notamment au sein de la Grande Loge de France, montre sa recherche d’une compréhension plus profonde de la vie, à travers une démarche initiatique et symbolique. La franc-maçonnerie, avec ses rituels et ses valeurs de fraternité, d’égalité et de liberté, offre un cadre pour la réflexion morale, l’épanouissement personnel et l’engagement sociétal. La voie maçonnique, telle que vécue par Arnaud Beltrame, est celle de la quête de lumière, de la construction de soi-même comme pierre vivante d’un édifice moral et spirituel universel.
Le parcours de vie de notre frère Arnaud Beltrame met en lumière les points de convergence entre sa foi chrétienne et son engagement maçonnique. Les deux voies partagent des valeurs fondamentales comme le service, l’amour du prochain, et la quête de sens. Dans les deux cas, il y a une volonté de dépasser les limites individuelles pour atteindre un idéal plus grand, que ce soit à travers le sacrifice de soi pour protéger autrui ou par le travail sur soi-même pour contribuer à l’amélioration de la société.
La franc-maçonnerie telle que pratiquée au sein de la Grande Loge de France, avec sa tradition d’ouverture et de dialogue entre différentes traditions spirituelles et philosophiques, offre un espace où la foi chrétienne d’Arnaud Beltrame pouvait s’exprimer et se nourrir de réflexions complémentaires. Inversement, sa spiritualité chrétienne a sans doute enrichi sa démarche maçonnique et ses frères, en y apportant une dimension de foi vécue et de pratique concrète du don de soi.
Pour moi, la vie d’Arnaud Beltrame, mon frère d’armes, mon frère tout court, témoigne d’un cheminement spirituel riche et profond, où christianisme et franc-maçonnerie se rencontrent et se nourrissent mutuellement. Son héritage est celui d’un homme qui a su lier foi et engagement initiatique pour servir et protéger les autres, incarnant ainsi les valeurs les plus élevées de ces deux traditions – un militaire s’engage à servir son pays et à protéger ses concitoyens contre les menaces, internes ou externes ; un franc-maçon prête serment de respecter les lois de son pays.
Sa mémoire continue d’inspirer ceux qui cherchent à concilier spiritualité personnelle et service de la communauté, montrant qu’il est possible de vivre pleinement ses convictions dans un esprit d’ouverture et de fraternité.
Je serai présent à cette cérémonie.

En l’occurrence cette cérémonie à venir ne nécessite pas de commentaire particulier. Un temple de la GLdF porte son nom ,nous ne l’oublions pas.

Étonnante cette absence de commentaires ! L’héroïsme de ce frère vaut mieux que ce silence.