Une lettre de Mozart évoque la franc-maçonnerie

Publié par Géplu
Dans Divers

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samedi 21 novembre 2020
  • 17
    JEAN VAN WIN
    2 décembre 2020 à 12h46 / Répondre

    Loin de moi l’idée de vouloir Trumpiser ce débat qui tourne en rond. Géplu fait allusion à une phrase « qu’il avait toujours été difficile de rattacher avec certitude à la pensée maçonnique ». Certes non ! Les grands biographes l’ont lue et interprétée à bon escient.
    Pierre Noël suggère que WAM ait échangé avec son père de simples considérations dépressives et considère comme peu probable un échange épistolaire portant sur leur commune expérience maçonnique. Je suis d’un avis opposé, je l’ai assez démontré.

    « Ein Paar » signifie une paire, soit deux, mais aussi, par corruption sémantique, « plusieurs ». Mais pas dans le cas présent ! Il s’agit de DEUX. Pourquoi ?

    Parce que Leopold Mozart est fait maître maçon le 22 avril 1785. Le 4 avril 1787 est envoyée la lettre de WAM à LM où il s’étend sur le thème de la mort. C’est-à-dire DEUX ans plus tard, à quelques jours près, « seit ein Paar Jahren ». Son texte n’a rien de dépressif ni de morbide, mais les allusions maçonniques sont évidentes. Je ne les commenterai pas, mais je donnerai des pistes aux vrais mozartiens qui ne s’abandonnent pas aux « affirmations ».

    Jean et Brigitte Massin, dont je possède dédicacés avec précision et affection les œuvres qui meublent mon univers de prédilection – Mozart, Beethoven, Danton, Robespierre, notre TCF Jean-Pol Marat reçu maçon à Londres, et leur très volumineux Schubert – détaillent leur explication de texte dans leur incomparable Mozart [Club français du livre, Paris, 1959], texte 589, page 462, notes 3 et 4.

    Ils y démontrent à quel point cette phrase de WAM est capitale dans l’évolution de ses relations très sinusoïdales avec son père-frère, puisqu’ils sont maîtres-maçons depuis peu, « ein Paar Jahren ». Ils y dénombrent surtout TROIS ALLUSIONS MAçONNIQUES, apparaissant dans les pages 462 et 463, et reprises dans la foot note n°4..

    Le Mozarteum de Salzburg a fait une excellente acquisition. Elle montre que le père et le fils se sont quittés sur une réconciliation fraternelle. Le franc-maçon Wolfgang Mozart croyait en Dieu avec ferveur, sans pour autant respecter l’Eglise en la personne de Colloredo. Il suffit d’écouter les premières mesure du Requiem qui sont vraiment de lui, surtout le Lacrymosa (ou Lacrimosa), pour aussitôt manquer d’oxygène… Terrifiant ce ré mineur…

  • 16
    pierre noel
    28 novembre 2020 à 10h23 / Répondre

    Sans polémique ni vergogne, je réitère !
    Laisser entendre qu’il faut avoir connu le grade de maître-maçon pour prendre conscience que la mort est la fin de toute vie ne serait-il pas un brin naïf ? Que WA ait échangé avec son père des considérations pessimistes, désabusées ou simplement dépressives n’a en soi rien d’étonnant (surtout à cette époque). Estimer qu’elles dépendraient (partiellement) d’une expérience maçonnique, je peux l’envisager comme une hypothèse parmi d’autres, mais bien peu probable. Ce serait faire beaucoup d’honneur à notre jeu !
    Y voir pour preuve l’étoile à six branches ? Ce me semble un indice sans plus.
    Ein Paar peut signifier «  »quelques » comme « deux » (une paire), au choix.

  • 14
    JEAN VAN WIN
    24 novembre 2020 à 15h36 / Répondre

    @ posts 12 et 13.
    Traduction « approximative », surtout lorsqu’on choisit de traduire « ein Paar » par « plusieurs », et non pas par
    « deux ». Ce qui change le sens du texte, en l’occurrence. Mais trêve d’arguties.
    Facts and Figures, pour faire court. Le 28 janvier 85, Leopold arrive à Vienne. Le 6 avril 85, il est reçu apprenti à la Bienfaisance, est promu compagnon le 16 avril et élevé à la maîtrise le 22 du même mois. On sent bien que WAM pousse fort !
    Leopold quitte Vienne le 25 avril 85. Le 4 avril 87, WAM apprend que Leopold est malade. Le 28 mai 87, Leopold décède à Salzbourg . Le 2 juin, WAM se fait représenter à Salzbourg pour la succession. Le 1 août 87, il accepte un forfait de 1000 fl. comme part de sa succession, à lui faire parvenir. [Correspondance traduite par Geneviève Geffray et P.A.Autexier, « Mozart », Champion, 1987].
    La célèbre phrase « Sie verstehen mich » a été commentée par tous les grands biographes, dont bien peu sont français. Citons notamment : Hummel, Hildesheimer, Francis Carr, Witold, Robbins Landon, Harald Strebel, Schurig, Hocquard, Alfred Einstein, toute la collection des Mitteilungen der Internationalen Stiftung Mozarteum, etc.
    Cette phrase est CAPITALE dans les relations récentes entre le père et le fils, maîtres-maçons depuis peu.

    Mozart, reçu maçon en 1784, avait été élevé à la maîtrise le 13 janvier 1785 à la Vraie Concorde. Sa lettre à son père-frère est datée du 4 avril 1787. Soit 26 mois après sa propre maîtrise. Il écrit cette superbe lettre maçonnique afin de se rapprocher de son père qu’il avait poussé vers l’Ordre. Oubliés les griefs et reproches de Leopold envers Constanze Weber et les oppositions acides de ce dernier, qui détestait les Weber, lors de son mariage de 1782. Leopold n’a pas pu maçonner à Salzbourg, ville archiépiscopale où n’existait aucune loge.

    Ce sont deux JEUNES maîtres-maçons qui s’écrivent, car ils ne se sont jamais revus depuis le départ de Leopold de Vienne. L’allusion est évidente, amha. Maçonnique et pathétique.

    • 15
      pierre noel
      24 novembre 2020 à 17h23 / Répondre

      Je ne mettrai pas en doute la conviction de mon excellent ami JVW dont je connais la compétence sur le sujet (je n’oserais pas !). Merci en tout cas de ces détails sur la vie maçonnique de Leopold M., que j’ignorais.

  • 11
    JEAN VAN WIN
    23 novembre 2020 à 16h37 / Répondre

    Le rituel d’initiation de WAM. Dans le sillage du post 10, puis-je signaler à ceux que Mozart franc-maçon passionne, que je tiens à leur disposition un travail ardu que j’ai réalisé il y a vingt ans environ, et publié dans le numéro 11 des Acta Macionica en 2001, pp. 315-341. Il s’agit de ce que je présente comme le véritable rituel qui a été utilisé pour l’initiation de WAM. Diverses autres versions ont parfois été publiées, mais je me suis efforcé de réunir les preuves pour démontrer que ce que j’avance est la seule véritable version.
    Pour ceux qui lisent l’allemand, je les renvoie aux publications de notre ami Harald Strebel, clarinettiste suisse, professeur en divers conservatoires, historien de la musique et chercheur infatigable sur WAM. On lui doit le remarquable :  » Der Freimaurer Wolfgang Amadé Mozart », Rothenhaüsler Verlag, Stäfa, CH-8721 Stäfa ZH
    Le texte et l’iconographie en quadrichromie sont de la plus haute qualité.
    J’autorise Geplu à donner mes coordonnées email à ceux qui en sont dignes…

    • 12
      pierre noel
      23 novembre 2020 à 21h27 / Répondre

      N’en jetez plus ! J’avoue n’être pas un fan de WAM (à part peut-être le concerto pour piano en ré mineur, KV 466, de 1785). Pour le reste je n’ai rien lu, ni biographie de l’homme, ni analyse de son œuvre. Je ne connaissais pas cette lettre et n’en ai aucune honte (j’ai lu, bien sûr, lu le remarquable article de JVW dans l’AM n°11, 6001).
      Maintenant que j’ai lu cette lettre (grâce au compte-rendu de Geplu), je me demande s’il était bien élégant d’écrire des choses de ce genre à un mourant, même s’il avait été un père sévère, exigeant, voire tyrannique. Ajouter que ces phrases sont « maçonniques » (parce que le 3° degré est effectivement centré sur un assassinat) me paraît bien audacieux et conjectural. Dire « ich hoffe es auch gewis da der tod der wahre Endzweck unsers lebens ist, so habe ich mich seit ein Paar Jahren mit diesem wahren, besten freunde des Menschen so bekant gemacht, daß sein Bild nicht allein nichts schreckendes mehr für mich hat, sondern recht viel beruhigendes und tröstendes! » me paraît très « humain » et pas plus « maçonnique » qu’autre chose (qu’en auraient pensé Breughel ou le chevalier du 7° sceau d’Ingmar Berman?). Chacun sait, maçon ou pas, que la mort est le « but » final (Endzweck) de la vie !
      Quant à la phrase « Sie verstehen mich » (vous me comprenez), y voir une allusion au grade de maître est du « wishful thinking ». Les spécialistes nous diront sans doute si et quand Leopold Mozart, bien peu assidu si je comprends bien, a été reçu/élevé au grade de maître.

      • 13
        pierre noel
        24 novembre 2020 à 10h46 / Répondre

        Excusez mon omission. Voici la traduction approximative des quelques lignes en allemand.
        « La mort est la fin et le but véritable de notre vie. Je me suis familiarisé depuis plusieurs années avec cette compagne de l’homme, à tel point que son image n’a plus rien de terrifiant, mais au contraire d’apaisant et de réconfortant. Et je remercie mon Dieu de m’avoir confié (vous me comprenez) cette clé permettant d’apprendre à connaître notre vrai bonheur. Je ne me mets jamais au lit (aussi jeune que je puisse être) sans me dire que je ne serai peut-être plus là le jour suivant ».
        Y voir une allusion « maçonnique », c’est pousser le bouchon !

  • 10
    JEAN VAN WIN
    23 novembre 2020 à 12h21 / Répondre

    Voici ce que je viens d’écrire le 22 novembre à Arnaud de la Croix au sujet de ce très contestable article du Figarooo :

    Merci de m’avoir signalé cet article du Figaro. On sent bien que Jean d’O n’y est plus ; il n’aurait pas laissé passer une telle brochette de bourdes.
    D’abord, « cette lettre n’avait jamais été étudiée depuis plus de quatre-vingt-dix-ans » !! Tous les biographes l’ont mentionnée et commentée, depuis von Nissen, le second mari de Constanze. Et je possède une quinzaine de biographies de qualité. Dont :

    Jean et Brigitte Massin, dans leur somptueux ouvrage sur Mozart publié en 1959 au Club Français du Livre, qui la commentent avec beaucoup de pertinence, sans être eux-mêmes maçons.

    Et puis Geneviève Geffray en fait largement état dans le volume V de sa gigantesque traduction des lettres de Mozart et de son père, publiée en dix années consécutives chez Flammarion, aux alentours de 1992. C’est la lettre n° 695, en page 181, adressée par WAM pour une seule et unique fois A mon très cher Père, ce qui doit se lire comme un substitut de A mon très cher Frère. Ce dernier mourrait deux mois à peine plus tard.

    On possède plusieurs lettres « maçonniques » de Mozart, surtout hélas pour quémander des aumônes à son frère Puchberg, mais celle-ci est la plus maçonnique que l’on connaisse de lui. Il parle avec son père du grade de maître…

    Et puis, une grande sottise dans le chef du rédacteur du Figaro Thierry Hillériteau qui reprend une ânerie déjà publiée cent fois, affirmant que  » Mozart a recours à la clarinette et au trombone, instruments souvent utilisés dans les cérémonies maçonniques », et ce rédacteur ne reculant devant rien ajoute froidement « qui pouvaient se tenir en plein air ». Un certain mic-mac avec la Gran Partita !!

    Comment le Figaro du 20 novembre peut-il laisser passer cela ? De quoi s’agit-il ? Les gens du Mozarteum de Salzburg, dont je fus sociétaire durant près de 40 ans, ont pu racheter l’original d’une lettre de Mozart et lui faire rejoindre l’important trésor d’autographes de WAM qu’ils possèdent déjà. C’est fort bien, mais cela valait un simple communiqué de presse sans affabulation.

    Amadeus, que de crimes l’on commet en ton nom !

  • 9
    Herve MESTRON
    22 novembre 2020 à 15h36 / Répondre

    Je confirme que cette lettre était connue depuis longtemps. Peut-être avait-elle disparue, cachée chez un collectionneur, pour réapparaitre maintenant… Mozart fait vivre beaucoup de monde, surtout en autriche. C’est sans doute pour cette raison que le Mozarteum, en 2000, a tenter d’étouffer l’affaire autour de l’authenticité du crane de Mozart. Seule une dépèche AFP aborde la question des test ADN pratiqués sur la relique infirmant tout lien de parenté entre le crane du Mozarteum et la famille Mozart. Très romantique !

  • 7
    GépluAdministrateur
    22 novembre 2020 à 11h49 / Répondre

    D’après l’article du Figaro, c’est le Mozarteum de Salzbourg qui a cherché à « faire du buzz » en faisant une conférence de presse pour annoncer l’acquisition de cette lettre, « par le Mozarteum en janvier auprès du Rosenbach Museum & Library de Philadelphie, qui la tenait de l’auteur de Max et les Maximonstres, Maurice Sendak, décédé en 2012. »

  • 6
    pierre noel
    22 novembre 2020 à 11h13 / Répondre

    # 4&5 : N’ayant lu ni le livre des Massin de 1959 ni d’ailleurs aucune biographie, sérieuse ou non, de Mozart, je remercie Géplu de nous avoir donné cette information que j’ignorais (étais-je le seul ?).

  • 4
    Gilbert SAMUEL
    21 novembre 2020 à 20h54 / Répondre

    A 98% tout etait deja exposé dans le livre de Jean et Brigitte MASSIN paru en 1959 au Club Français du Livre……

    • 5
      hrms
      22 novembre 2020 à 10h31 / Répondre

      Je confirme pour l’ouvrage de Massin, comme pour les autres précités, et n’ai pas compris la mise en exergue de cette lettre dont le contenu est bien connue de la part des biographes sérieux de Mozart. Coup de projecteur sur la FM par le Figaro, sur un sujet tous très vendeur…..
      hrms

    • 8
      Brumaire
      22 novembre 2020 à 15h07 / Répondre

      C’est juste, et les Massin ajoutent un commentaire, si mes souvenirs ne me trahissent pas: en parlant de la mort sur ce ton, Wolfgang donne une petite leçon de courage et de lucidité à un père qui n’a cessé de le harceler pendant toute sa vi et qui arrive au bout du chemin. Je ne suis pas persuadée que le « vous me comprenez » faisait une allusion aussi nette à la FM

  • 3
    pierre noel
    21 novembre 2020 à 17h58 / Répondre

    Ce qui est bien plus étonnant (détail sans doute relevé par tous mais que j’ignorais), c’est que la lettre débute en français « Mon tres cher Père ! » (sans accent sur très) et se poursuit en allemand jusqu’à la fin : « Mir ist es sehr unangenehm daß durch die dumheit der storace Mein brief nicht in ihre hände gekomen ist … « (il m’est très désagréable que par la stupidité du magasin (?), ma lettre ne soit pas parvenue en vos mains …. » (Remarquons que WA vouvoie son père)
    Il l’est encore plus (pour moi du moins!) qu’elle soit adressée, en français, à « « Monsieur Leopold de Mozart
    Maitre de la Chapelle de S: A: R: à Salzbourg»
    De Vienne à Salzbourg en le 4 avril 1787 !
    Il faut souligner que dans cette lettre, WA Mozart dit apprendre que son père est sérieusement malade, ce qui le touche beaucoup d’autant que sa dernière lettre lui laissait à penser que son père était en excellente santé (auf diesen augenblick höre ich eine Nachricht die mich sehr niederschlägt um so mehr als ich aus ihrem lezten vermuthen konte daß sie sich gottlob recht wohl befinden; Nun höre ich aber daß sie wirklich krank seÿen ) et lui envoie ses vœux de rétablissement, après une dissertation sur la mort inévitable à laquelle lui, Wolfgang, se prépare malgré son jeune âge
    Léopold Mozart est mort le mois suivant, le 28 mai 1787.

  • 2
    Pascal ROUGEL
    21 novembre 2020 à 16h54 / Répondre

    Parler de « véritable escroquerie » me semble un peu exagéré… Certes cette lettre n’est pas une nouveauté, mais chacun découvre à son rythme et avec un intérêt qui lui appartient.

    Par contre, ce que je partage sur cet article, c’est que certaines questions posées dans l’article sont étonnantes…
    Nous avons à disposition de nombreux ouvrages sérieux (P. Autexier, J. Henry, H.C. Robbins Landon entre autres) sur la vie maçonnique (y compris avant son initiation) et les compositions maçonniques de Mozart.

    A noter également que Léopold Mozart n’a pas été un franc-maçon zélé, au contraire de son fils.

    Cela nous montre combien il est difficile de rédiger un article et d’être complet sur les sujets si vastes que sont la vie et l’œuvre de Mozart.

  • 1
    J. P. Bouyer
    21 novembre 2020 à 11h52 / Répondre

    C’est une véritable escroquerie de présenter cette lettre comme une nouveauté, elle est bien connue depuis longtemps et figure dans presque toutes les biographies de Mozart. Beaucoup de ses biographes y ont toujours vu une allusion à l’initiation partagée par Wolfgang (avec enthousiasme) et son père (avec réticence).
    Sur le web, on la trouve par exemple dans cet article publié en 2013 :
    https://www.cairn.info/revue-hegel-2013-3-page-185.htm

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