L’Europe sera-t-elle capable de sortir de son confinement ?

Publié par Géplu
Dans Divers

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jeudi 14 mai 2020
  • 9
    Durruti
    15 mai 2020 à 13h47 / Répondre

    Imparable mon cher Astérix. J’ai failli écrire Assurancetourix.

  • 7
    Brumaire
    15 mai 2020 à 0h01 / Répondre

    Une chose est de « croire, en humanistes que nous sommes, etc… »mais ça, ce ne sont que des paroles, et ça ne fait pas avancer le schmilbick.
    D’accord avec Astérix (tu n’es pas « bas de poitrine » comme Obélix, sans doute!) les références à Monnet et Schuman ne sont pas heureuses, et sont même déplacées. L’Europe ne cesse de fauter, car elle a été fondée sur des considérations mercantiles, et pas du tout humanistes, sociales et tout ce qu’on voudra. L’Europe actuelle, avec ses traités de Maastricht, Lisbonne et autres est morte, et il faut en inventer une autre sur des considérations originales, pas en essayant de ressusciter la morte. Mais ce n’est pas avec des communiqués qu’on inventera autre chose.
    Sans doute faudrait-il commencer par interroger les citoyens européens, et pas continuer à toujours décider à leur place.
    Je ne ferai pas de comparaisons, car je serais carrément désagréable, et ça ce n’est pas constructif, alors que c’est d’une belle construction dont nous avons besoin.

    • 8
      Astérix
      15 mai 2020 à 7h58 / Répondre

      Mon Cher Brumaire,
      je te cite: « les références à Monnet et Schuman ne sont pas heureuse et même déplacées… »
      En principe quand j’affirme quelque chose, c’est toujours sous réserve que je puisse me tromper, mais généralement je vérifie mes sources:

      Parmi les personnalités connues qui ont joué un rôle de premier plan dans le lancement du processus d’intégration européenne, on connaît la biographie du Luxembourgeois Bech, de l’Italien De Gasperi, du Belge Spaak. Des hommes qui, confrontés au fascisme, n’ont pas failli.
      Trois Français ont aussi joué un rôle extrêmement important. Deux sont présentés aujourd’hui comme des « pères fondateurs » de l’Union européenne. Le troisième, moins connu, est néanmoins célébré comme « le père du droit communautaire ». Et pourtant, leur passé justifie qu’on s’interroge sur le bien fondé des honneurs qui leur sont rendus.

      Jean Monnet

      Originaire de cognac, négociant en spiritueux, un secteur très tôt intégré dans le commerce international, Jean Monnet a fait fortune aux Etats-Unis dans le contexte trouble de la prohibition en vigueur depuis 1919. Son enrichissement est tel qu’il est en capacité, en 1929, de créer à San Francisco la Bancamerica. L’homme d’affaires est devenu un financier international qui conseille divers gouvernements. En 1940, c’est lui qui va convaincre Churchill de proposer une fusion de la France et de la Grande-Bretagne. Après la capitulation de la France, il est à Londres. Non pas aux côtés du général de Gaulle, mais aux côtés du gouvernement britannique. Il n’aura de cesse d’empêcher la création de la « France Libre ». Il va jouer un rôle d’intermédiaire entre les Britanniques et les USA, devenant peu à peu le Français que les Américains écoutent. Ainsi, il rédige, en 1943, une note, restée longtemps secrète, à l’intention de Roosevelt à propos du chef de la France libre dans laquelle il écrit : « c’est un ennemi du peuple français et de ses libertés ; c’est un ennemi de la construction européenne, en conséquence il doit être détruit (sic) dans l’intérêt des Français. »

      Après la guerre, nommé commissaire au plan, Monnet, à l’inverse des efforts du moment pour encadrer et réguler l’économie, favorise les idées libre-échangistes. Sa planification est strictement indicatrice. Il n’impose pas d’objectifs. En 1946, il est le négociateur d’un accord qui ouvre le marché français à la production cinématographique américaine.

      Avec l’appui et la pression des Etats-Unis (les menaces de suspension du plan Marshall vont servir de levier) qui réclament la libération des échanges européens, il va lancer l’idée de la CECA. La CECA, c’est la mise en commun de la production de charbon et d’acier de France et d’Allemagne sous l’égide d’une Haute Autorité dotée de pouvoirs supranationaux absolus. Monnet en sera le premier président. Les effets de cette mise en commun seront très bénéfiques pour les industriels du charbon et de l’acier. Et le modèle d’intégration européenne qui est lancé va servir pour la rédaction du traité de Rome de 1957. Ce modèle consiste à conférer des compétences politiques de plus en plus importantes dans des secteurs essentiels à des institutions de nature technique échappant à tout contrôle démocratique.

      Ce modèle est très imprégné d’une idéologie : celle qui est née en réaction aux idées des Lumières, en réaction aux avancées démocratiques de la Révolution de 1789, qui s’est manifestée tout au long du XIXe siècle et jusqu’en 1944 contre le parlementarisme, c’est-à-dire contre cette conception de la démocratie représentative basée sur le principe proclamé par les Lumières et affirmé en 1789 : tous les pouvoirs émanent du peuple. L’assemblée parlementaire qui flanque la CECA, comme celle qui est instaurée avec la Communauté européenne est purement consultative et constituée de parlementaires choisis par les parlements nationaux. Il faut attendre 1979 pour que cette assemblée soit élue au suffrage universel et, malgré des progrès réels, le Parlement européen d’aujourd’hui n’est pas encore, loin s’en faut, un authentique parlement.

      L’antiparlementarisme de l’homme d’affaires Jean Monnet va s’accorder parfaitement avec l’antiparlementarisme du catholique conservateur Robert Schumann.

      Robert Schuman

      Après des études de droit à Bonn, Berlin, Munich et Strasbourg, il s’installe comme avocat à Metz en 1912. Devenu citoyen français en 1919, sur le conseil de son aumônier, ce catholique fervent s’engage dans l’action politique et est élu député de la Moselle en 1919. Il sera réélu sans interruption. C’est avant tout l’homme du Comité des Forges, des Wendel, des Schneider, des Laurent. En 1924, il est le colistier de Guy de Wendel. Parlementaire catholique ultra conservateur et anti-laïque, il milite pour le maintien du Concordat et combat les réformes du Front populaire. Il affiche sa sympathie pour les régimes corporatistes, catholiques et autoritaires de l’Autrichien Dollfuss, du Hongrois Horthy, du Portugais Salazar et de l’Espagnol Franco. Il soutient la cause croate. Le 30 septembre 1938, il applaudit aux Accords de Munich.

      Il est nommé sous-secrétaire d’Etat aux réfugiés dans le gouvernement Raynaud le 21 mars 1940. Dans cette fonction, il déclare le 12 juin qu’il « faut mettre bas les armes ». Le 16 juin, il est maintenu dans le même poste dans le gouvernement Pétain.

      Le 10 juillet 1940, à Vichy, à la différence de quatre-vingt héros, il participe à la suppression de la République en votant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il est écarté par Laval dans le gouvernement mis en place deux jours plus tard.

      A l’inverse de beaucoup qui fuient l’Alsace-Lorraine annexée par le IIIe Reich, il rentre à Metz. Aux yeux des Nazis, c’est un citoyen allemand suspect. Il est arrêté et emprisonné pendant sept mois. En avril 1941, il n’est pas envoyé en déportation comme d’autres parlementaires français, mais placé en résidence surveillée dans une région de vignobles du Palatinat d’où il s’évade sans difficulté en août 1942. Il passe le reste de la guerre en se cachant dans des abbayes successivement dans le Tarn, en Ardèche puis dans la Vienne.

      A la Libération, à la demande d’André Diethelm (inspecteur des finances, directeur de cabinet de Georges Mandel de 1938 à 1940 ayant rallié la France Libre dès 1940), ministre de la guerre, ce « produit de Vichy » est frappé d’indignité nationale et d’inéligibilité. Ce qui n’empêche pas ses amis mosellans de le faire siéger au comité départemental de libération où il s’efforce de freiner l’épuration. Le clergé et le Vatican interviennent en sa faveur auprès du Général de Gaulle auquel lui-même écrit le 4 juillet 1945 pour solliciter une révision de son cas. Un non lieu est prononcé par la Haute Cour le 15 septembre 1945. Il reprend une activité politique au sein du MRP, le parti chrétien-démocrate et siège dans les gouvernements qui suivent le départ de Charles de Gaulle.

      En octobre 1949, alors qu’il est ministre des Affaires étrangères, Schuman donne 20.000 francs prélevés sur les fonds spéciaux du Quai d’Orsay à Marie-Louise Vallat, l’épouse de Xavier Vallat qui fut le premier Commissaire général du Commissariat général aux Questions juives et qui purge alors une peine de dix ans de prison dont il fera à peine plus de cinq ans. Xavier Vallat avait été, avant la guerre, un des parlementaires les plus violemment antisémites. Sorti de prison en décembre 1949, il n’a pas cessé de professer ses théories antisémites jusqu’à sa mort en 1972.

      Robert Schuman, en collaboration étroite avec Jean Monnet, va prononcer la déclaration du 9 mai 1950 qui annonce la création de la CECA à l’origine d’un nouvel ordre juridique, l’ordre juridique européen.

      Maurice Lagrange.

      Lorsqu’on lit son curriculum vitae sur le site de la Cour Européenne de Justice, on s’étonne du silence sur la période qui va de 1934 à 1945. Avant, ce diplômé de l’Ecole Libre des Sciences politiques, est entré au Conseil d’Etat en 1922 comme auditeur et il devient maître des requêtes en 1934. Après, il devient Conseiller d’Etat, commissaire du gouvernement pour la négociation du traité CECA, avocat général à la Cour de Justice de la CECA puis, à partir de 1958, à la Cour de Justice des Communautés européennes. Mais pendant ces années passées sous silence, que fait-il ?

      Catholique fervent, ultraconservateur, il partage les idées de ceux qui militent en faveur d’une régénérescence de la nation française « gangrenée par les idées de gauche véhiculées par les judéos-maçons » selon la phraséologie commune à la droite extrême. Dès la capitulation de juin 1940, il adhère à la « révolution nationale » de Pétain et du régime de Vichy. C’est un maréchaliste convaincu. Il va publier une série d’articles dans la Revue des Deux Mondes qui témoignent de son adhésion sans réserve aux thèmes de la « révolution nationale ».

      Maître des requêtes au Conseil d’Etat, il en est détaché pour devenir, en octobre 1940, fonctionnaire au secrétariat général du gouvernement.

      Fin 1940, il est chargé de la coordination de la cessation d’activité des fonctionnaires juifs dans tous les départements ministériels en application du statut des Juifs publié au Journal Officiel le 18 octobre. Il procède de manière rigoureuse à la mise à l’écart des 2.900 agents juifs et veille à ce qu’il y ait le moins possible d’exceptions pour les anciens combattants et les Juifs ayant rendu des « services exceptionnels ».

      Lorsque l’Amiral Darlan devient vice-président du Conseil en février 1941, Lagrange devient son conseiller pour les affaires juives en charge de la coordination des mesures antijuives. A ce titre, il est l’auteur de la loi créant le Commissariat général aux Questions juives adoptée le 29 mars. De même, il est associé à la rédaction de tous les textes relatifs au statut des Juifs et à la spoliation de leurs biens, ainsi qu’à la création de l’Union Générale des Israélites de France. Il fut sans conteste un des principaux rédacteurs du droit antisémite du régime de Vichy. En mai 1941, il préside la commission chargée d’examiner les demandes de dérogation à la loi qui retire la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie. En juillet, puis en novembre de la même année, il préside une conférence interministérielle chaque fois chargée de discuter de l’application du statut des Juifs. Au cours de ces réunions, il manifeste une grande dureté.

      Pour mémoire, le Commissariat général aux Questions juives fut l’administration de la persécution des Juifs dont 3.000 sont décédés dans des camps français, dont plusieurs milliers furent exécutés sommairement en France et dont 75.721 furent déportés vers les camps d’extermination allemands. De ces derniers, à peine 2.900 sont revenus.

      En avril 1942, Lagrange retourne au Conseil d’Etat où il remplit la fonction de ministère public en qualité de commissaire du gouvernement Pétain-Laval.

      Après la Libération, ce passé ne fait pas obstacle à ce qu’il soit nommé conseiller d’Etat en 1945. Il est affecté à la section des Finances. Il s’intéresse alors aux questions coloniales et publie en 1948 un ouvrage intitulé « Le nouveau régime législatif de la France d’Outre-Mer ».

      En1950, Jean Monnet, que le passé vichyssois de Lagrange ne dérange pas, fera appel à lui pour la rédaction du traité créant la CECA en 1951. Ce qui lui vaudra d’être nommé en 1952 avocat général à la Cour de Justice créée par ce traité. Il occupera cette fonction pendant douze années, jusqu’au 8 octobre 1964 au sein de ce qui est devenu la Cour de Justice des Communautés européennes.

      Maurice Lagrange est reconnu comme un des « maîtres du droit communautaire ». Il s’est exprimé sur une soixantaine de sujets juridiques. Il a joué un rôle décisif dans l’adoption de l’arrêt Costa contre Enel (15 juillet 1964) décrétant la primauté du droit européen sur les droits nationaux. Il a contribué de manière absolument capitale à faire du droit communautaire un ordre juridique autonome qui s’impose non seulement aux Etats, mais à leurs habitants.

      Maurice Lagange, le père du droit antisémite français devenu le père du droit communautaire européen !

      Pour conclure

      Les trois personnalités françaises considérées comme des fondateurs de l’Union européenne ont en commun le rejet du principe arraché en 1789, après 1200 de tyrannie et d’obscurantisme : tous les pouvoirs émanent du peuple.

      Raoul Marc JENNAR

      Sources :

      – ASSELINEAU François, La face cachée de Robert Schuman, Paris, UPR, 2010 (www.u-p-r.fr)

      – BARUCH Marc Olivier, Servir l’Etat français. L’administration en France de 1940 à 1944, Paris, Fayard, 1997

      – CHEVENEMENT Jean-Pierre, La faute de M. Monnet, Paris, Fayard, 2006.

      – COHEN Antonin, De Vichy à la Communauté européenne, Paris, Presses Universitaires de France, 2012.

      – GARAUD Marie-France, Impostures politiques, Paris, Plon, Tribune libre, 2011.

      – JOLY Laurent, Vichy dans la « solution finale ». Histoire du Commissariat général aux questions juives 1941-1944, Paris, Grasset, 2006.

      – LACROIX-RIZ Annie, L’intégration européenne de la France. La tutelle de l’Allemagne et des Etats-Unis, Paris, Le Temps des Cerises, 2007.

      – MANGENOT Michel, Le Conseil d’Etat et l’institutionnalisation du système juridique communautaire. Intervention au colloque Les juristes et la construction d’un ordre politique européen, avril 2004. Sur Internet :

      http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/28/86/26/PDF/Mangenot_Systeme_juridique_communautaire_2004.pdf

      – POIDEVIN Raymond, Robert Schuman, un itinéraire étonnant, Editions Beauchesne, 1988.

      – ROTH François, Robert Schuman, Paris, Fayard, 2008.

      Je suis preneur d’autres informations si vous en avez…

      • 10
        Brumaire
        15 mai 2020 à 14h56 / Répondre

        Astérix, à l’âge que j’ai, c’était inutile de me rappeler les biographies de MM Monnet et Schuman, deux personnages qui pour moi, sont révélateurs d’une Europe qui ne cesse de se mettre en échec. Et de nous mettre en échec, faisant les choux gras des USA et de la Chine qui rigolent bien, et ça, depuis un bon moment.
        Mais si c’était pour instruire nos FF et SS, ton article a dû les éclairer sur ces personnes que nos dirigeants ne cessent d’encenser.

  • 6
    Lassey
    14 mai 2020 à 16h03 / Répondre

    Tant pis, je sens que je vais « fraternellement « me faire « casser » par certains FF maçons, mais je me sens obligé de réagir.
    Quelle est actuellement la situation?
    Pendant que les économies encaissent coup sur coup dans « l’affaissement » déclenché par la nouvelle pandémie de coronavirus, les gouvernements luttent pour reconstruire le système. Le problème des politiques visant à ramener l’économie à ce qu’elle était avant que le virus ne frappe est le suivant : le capitalisme mondial en 2019 était lui-même une cause majeure de l’effondrement de 2020. Les cicatrices des crashs de 2000 et 2008 n’étaient pas guéries, et les habitudes de pensée inchangées.
    Nous nous trouvons actuellement face à 2 grandes difficultés majeures :
    *l’accélération du changement climatique et ses conséquences
    *la montée des inégalités dans le monde (et en Europe), grosse de troubles graves à venir.
    Les deux phénomènes peuvent être reliés à l’utilisation de la pensée ultra libérale comme moteur de l’économie. Je pense que personne ne peut contester raisonnablement ce fait.
    Nous sommes, à l’évidence, victimes du dogme de la pensée unique ultra libérale, il nous faudra, sans doute, « tuer » TINA. TINA est l’acronyme d’une phrase : » There Is No Alternative », « il n’y a pas d’autre choix ». Déclaration assénée durant les années 80 par Margareth Thatcher , premier ministre anglais , conseillée par les disciples de Milton Friedman (prix Nobel d’économie), chantre de l’ultra libéralisme et disciple lui-même de Hayek. Friedman fut aussi le conseiller de Nixon dans les mêmes années. Cela veut dire qu’il n’y a pas d’autre voies que l’ultralibéralisme, répété à chaque discours (ou presque). « On n’a pas le choix! ».(TINA a fait l’objet de plaisanteries de la part d’autres économistes critiquant cette pensée quasi dogmatique.)
    Les idées d’Hayek et de Friedman ont trouvé un écho auprès des gouvernants suite à la baisse de la croissance dans les pays « développés » (après les chocs pétroliers des années 70). En gros, le libéralisme a « bien » fonctionné depuis le 17ème siècle, nous sommes en ralentissement, donc une dose supplémentaire de libéralisme nous permettra de continuer, donc il faut encore moins d’état (souvent vieillot et inefficace), moins de services publics (couteux et de peu de rendement). Je grossis le trait sciemment, mais c’est le cœur de la doctrine. De plus, l’enrichissement de quelques uns profitera à la communauté par l’effet classique du « ruissellement » (« trickle down » utilisé par R.Reagan dans les années 1980, et les « jobs creators », idée développée par D.Trump et les républicains dans les années 2010.) (Je renvoie à Adam Smith et à l’idée du « self love »). Ainsi les bienfaits du capitalisme libéral pourront continuer à s’exercer, à condition que rien ne vienne y mettre de frein, donc aucun contrôle, aucune limite, aucun compte à rendre et aucune transparence… L’implosion du système communiste en URSS, à la fin des années 80, n’a fait que renforcer l’idée.
    Dans les faits, ce « jusqu’au boutisme » du libéralisme, n’a pas eu l’effet escompté, la croissance est restée « molle » et les inégalités se sont creusées.
    L’augmentation « récente » des inégalités date des années 80. Ce n’est pas la première fois que les inégalités sont fortes, la dernière période date de la fin du 19ème et début du 20ème ; ce que l’on a appelé la « belle époque ». Cette période a été suivie par la 1ère guerre mondiale et la révolution russe. Il est facile de constater le voisinage historique de ces événements, y a –t-il un lien causal ? Ce n’est pas mon propos ici. Mais souvenons nous de la montée actuelle des nationalismes, des manifestations de rue et de l’émergence du social nativisme en Europe (quelles en sont les causes ?). Et les inégalités n’ont pas (encore) atteint le niveau de cette « belle époque »…. La question du lien causal peut, à notre époque, être aussi posée.

    Je n’en veux nullement à l’idée capitaliste qui a permis en 2,5 siècles de passer d’une économie de pénurie ou de rareté à une économie d’abondance, mais avec quelles conséquences! Il nous faudra en faire l’inventaire sans frayeurs et sans émotions. Y a-t-il un mur devant nous? Faut-il prendre une bifurcation? Et lesquelles sont possibles? Et comment? Les possibilités sont fortes que les « habitudes » reprennent le dessus…. nos dirigeants ayant été formés (tous ou presque) dans ces mêmes schémas de pensées.
    je pense que le capitalisme et le « moteur » de notre économie, l’ultralibéralisme est la manière de conduire le vehicule économique. Que faudrait il penser d’un conducteur qui n’est soumis à aucun code de la route?
    Je ne formule aucun jugement, aucune critique, je ne déplore rien, j’essaie de comprendre….

    Voilà planté le décor « global », je n’y ai que peu de prise. L’Europe évolue dans ce cadre, nous sommes citoyens européens et Français, examinons ce qui s’est passé et voyons où nous en sommes.
    L’UE a été créée progressivement après la 2ème guerre mondiale (qui n’était que le prolongement de la 1ère), cette idée a permis d’assurer à la péninsule asiatique qu’est l’Europe, plus de 70 ans de paix et de stabilité.
    Elle a donc servi au moins à cela.

    Que s’est il passé depuis des années en Europe ? Depuis jacques Delors, rien ou presque. Son successeur Jacques Santer (1995-99)(luxembourgeois) démissionne à la suite d’« affaires » financières. Romano Prodi (1999-2004) mènera à bien la mise en place de l’euro et l’élargissement à l’est. José Manuel Barroso (2004-2014) n’a pas laissé un grand souvenir, il a « géré » et est resté en place. Jean-Claude Juncker 2014-2019, luxembourgeois et ancien 1er ministre de ce pays (qui a longtemps été un paradis fiscal, No comment). Et depuis fin 2019, Mme Ursula Von der Leyen (ex ministre fédérale d’Allemagne, entre 2004 et 2019).

    L’Europe sert actuellement de repoussoir et de bonne excuse pour de nombreux partis européens, elle partage ce rôle avec les émigrés.
    Dernièrement, en France, l’Europe a été instrumentalisée pour mener des politiques « antisociales », comme on a pu le voir lors de la séquence menant à la crise des gilets jaunes, en 2018-2019 (suppression de l’ISF au nom de la concurrence européenne, le tout financé par une hausse de la taxe carburant pesant sur le plus grand nombre). (« TINA » avait encore frappé !)
    Pourquoi ?, quel sont les reproches fait à l’UE?
    D’être un grand machin éloigné des citoyens de base et qu’elle ignore superbement.
    De ne gérer que dans une optique libérale (voire très libérale) un grand marché européen, … qui n’est qu’un grand marché (au sens de Smith), sans régulation, sans intervention.
    D’être un instrument, au service d’une minorité d’élites financières et/ou technocratiques, et trop perméable aux lobbies.
    D’être une structure peu légitime, dont les « directeurs » sont « choisis » par les présidents et validés par l’assemblée, mais … pas élus.
    Tout cela est vrai, au moins partiellement.
    Les structures se sont mises en place progressivement pendant des décennies. Et elles ont évoluées ces dernières années, sous le règne d’une pensée dominante. Donc elles ne représentent qu’un « état européen » minimaliste, même pas « croupion », correspondant aux souhaits de l’école de Hayek et Friedman avec l’appui des politiques au pouvoir dans ces années et jusqu’à aujourd’hui. C’était logique dans cette période.
    Il était envisagé avec J. Delors que la mise en place de l’euro soit suivi de la mise en place d’un embryon de gouvernement économique en Europe et de mettre en place progressivement une structure fédérale, discussions et négociations étaient remises à plus tard. Et depuis…. Rien. On a donc pu parler toutes ces dernières années d’une Europe en « panne ».
    La perception d’une UE fondée sur la concurrence de tous contre tous (y compris intra UE) et fonctionnant avant tout au service des classes sociales les plus favorisées, contribue à expliquer la désaffection populaire, telle qu’elle s’est exprimée en France avec le référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005. Le TCE revenait à sanctuariser le fonctionnement de l’UE autour des principes de la « concurrence libre et non faussée » (ordo-libéralisme), de la libre circulation des capitaux, des biens et des personnes et du maintien de la règle de l’unanimité en matière fiscale (ce qui revient à la sacralisation de ce principe, car trouver une unanimité à 27 revient à consacrer un principe d’immobilisme). Le traité de Lisbonne en a repris les termes.
    « La Commission est, par délégation du Conseil de l’Union européenne, l’organe d’exécution des politiques et des actes adoptés par le Conseil. Elle exécute le budget, gère les politiques communes et les Fonds européens. » Elle est également la « gardienne des traités européens »
    La « commission européenne » n’a aucun pouvoir sur l’évolution des législations financières, fiscales, économiques et sociales et ne gère rien quand à la défense (PESD).
    En réalité, la seule institution européenne qui bénéficie d’une autorité « indépendante » est la BCE (banque centrale européenne)
    J’ajoute que l’UE gère un budget correspondant à 1% du PIB européen (c’est peu face à ce qui serait nécessaire d’investir, mais cela fait une somme rondelette).
    La structuration institutionnelle et politico-idéologique de l’UE est donc encore largement inachevée, les trajectoires des avenirs possibles sont multiples et non encore déterminées. La disparition de l’UE n’est pas, non plus, impossible.

    Nous sommes actuellement face à des dangers importants :
    – que l’on désigne des « coupables », à l’international, comme en France. A l’international, La Chine fait un merveilleux responsable-coupable (de l’épidémie ET de la dérive du libéralisme). En France Mme Buzyn, après ses déclarations, sera jetée aux « chiens médiatiques », qui ne ratent pas une occasion de nous dire qui il faut lapider (le prêt à haïr est une vieille industrie). Alors que le vrai problème est de savoir comment cela est possible, donc d’interroger l’idéologie libérale courante (les ultras) et examiner comment y mettre quelques règles. (Je n’ai pas de moteur de rechange pour le capitalisme). Cela ne se fera pas sans peine, ni sans lutte, espérons que TINA n’insistera pas trop…. Mais j’en serai étonné… Si nous nous contentons de « régler » des comptes, on ne remettra pas en cause l’essentiel ! Et cela permettra de continuer « comme avant » derrière un « écran de fumée », un « brouillard de guerre ». La France n’est pas le cadre idoine pour surmonter ces problèmes, nous aurons à dépasser les états nations, donc aller vers des avancées de structuration de l’UE et la révision des traités qui la fonde.
    – que les « frexiters » obtiennent gain de cause. Ce n’est pas impossible. Les arguments existent : Paralysie de l’UE; désir de retrouver des marges de manœuvre en recouvrant une monnaie nationale (qui permettra de dévaluer un peu et rendre notre économie plus compétitive (10% serait suffisant), retrouver la main sur une politique économique et fiscale que l’on souhaite plus « juste ». « Grandeur » de la France préservée (nous avons une armée projetable pour « défendre » nos intérêts dans le monde, nous sommes toujours une puissance nucléaire, tout cela assure une indépendance de fait). Existence de départements ultramarins, qui nous assure une étendue de ressources, y compris halieutiques et une présence naturelle sur l’étendue du globe. Je ne fais pas l’inventaire… Nous pourrions jouer cavalier seul… Cela peut s’entendre. Mais nous jouerions notre partition dans un monde inchangé. La globalisation ne rentrera pas dans la boite de Pandore. Combien de temps tiendrions nous dans un monde qui resterait globalisé et ultra libéral, face aux poids lourd chinois ou US ?
    – que la question de l’évolution du climat prenne le pas sur le réexamen de l’idéologie dominante. Alors que c’est bien cette façon de faire, cette pensée, qui amène à une aggravation et une accélération de cette évolution. (Je rappelle que l’évolution concerne une période interglaciaire succédant à la glaciation Würm III et que les processus de réchauffement sont en cours depuis plus de 25 000 ans, Il faudra nous adapter !, mais il serait nécessaire de ne pas aggraver les choses)
    – que la montée des « populismes » (quel vilain terme !) amènent au pouvoir des gens qui n’ont pas de vision politique viable, en France et ailleurs (c’est déjà le cas en Pologne et en Hongrie), aggravant encore les crises qui arrivent. Malheureusement les « classes » populaires et moyennes ont le sentiment d’être abandonnées (ce qui est en partie vrai) et deviennent une clientèle prête à écouter des nationalistes « étroits » et xénophobes, voire « racistes ». Mais y a –t- il quelqu’un qui les écoutent et les prennent en compte ?
    – que les choses reprennent leurs cours « d’avant » et que l’on revoie des traders inconscients lancer, encore une fois, leur « cri de guerre » : « greed is good ! » (l’avidité est bonne !).

    Que faire ?
    J’ai vu sur mon écran Mme Ursula Von Der Leyen, présidente de la commission européenne s’excuser en public, au nom de L’UE, pour n’avoir pas soutenu l’Italie en difficulté. Pour moi ces excuses auraient du être présentées par l’ensemble des gouvernements UE. Le président de la commission UE n’a pas vraiment ce pouvoir, ce n’est qu’un « gestionnaire » ou un intendant qui agit dans un cadre fixé (bon, j’exagère à peine) Elle ne portait pas la responsabilité de cette situation, mais elle a l’a assumée. Ce geste lui a attiré la sympathie de nombreux europhiles (il y en a encore). Il faudra que nous soyons nombreux à appuyer et à nous battre pour que les choses évoluent, les luttes seront à mener, elles seront âpres, que personne ne se berce d’illusions. Mais nous avons la chance de pouvoir le faire dans un cadre multinational européen, si nous acceptons de le faire évoluer.
    Pour assurer la liberté de chacun, l’égalité de tous et la fraternité entre nous.
    J’ai aussi quelques espoirs ; je ne crois pas que les puissants qui nous gouvernent (du moins pas certains d’entre eux) soient stupides et obtus. Certains se souviendront de ce que disait John Maynard, Lord Keynes : « il faut que tout change pour que tout reste pareil ». Autrement dit il faut faire des réformes pour que nous restions « au pouvoir », ce qui, après tout, est l’essentiel. Je mise sur leur pragmatisme. Je pense aussi à l’un de mes formateurs : « négociez, négociez encore, il en restera toujours quelque chose !!». Pourrons-nous sortir un jour de la vieille lutte entre les « optimates » et les « populares » ?.
    S’il vous plait épargnez moi les colères et les lancers de phrases « fraternellement » haineuses. (SVP….)
    Quelles sont nos propositions, en tant que FM ?

  • 5
    Durruti
    14 mai 2020 à 11h52 / Répondre

    Complètement d’accord ASTERIX.
    Nous avons encore beaucoup de pain sur la planche.
    Le livre de Gilbert GARIBAL « Turbulences initiatiques », présenté ici par Géplu est à cet égard d’une grande utilité.

  • 3
    Désap.
    14 mai 2020 à 9h58 / Répondre

    Objectivité, rappel des principes et Aristote.
    C’est un Bonjour mes Frères !
    Très Fraternellement.

  • 2
    Durruti
    14 mai 2020 à 9h03 / Répondre

    « les valeurs fondamentales de l’Union européenne, qui sont aussi les nôtres ». Il serait bon de préciser. Pour ma part, les valeurs qui constituent l’Europe d’aujourd’hui ne sont pas les miennes.
    Par ailleurs, je partage le point de vue d’Obélix.
    Ce communiqué est bien symptomatique du flou propre au DH d’aujourd’hui en matière sociétale, j’allais écrire « politique » au sens de  » la fin de la Politique sera le bien proprement humain » (Aristote).
    Je précise que je suis membre du DH depuis 33 ans.

    • 4
      Astérix
      14 mai 2020 à 10h13 / Répondre

      Astérix et non Obélix mais ce n’est pas l’essentiel.
      Ce qui me navre dans ce communiqué c’est son imprécision et le vague sentiment qu’il est là pour protéger l’oligarchie.
      Louise Michel doit se retourner dans sa tombe…
      A moins que le politiquement correct soit devenu la règle au sein de nos obédiences la défense de convictions étayées n’empêche pas la courtoisie et l’échange fraternel, mais dans ce communiqué il n’y a pas le moindre argument pour justifier la défense d’une institution qui a fait tant de mal à nombre de nos concitoyens européens, souvent les plus vulnérables, et qui fait la part belle à tous ceux qui peuvent placer leur prébendes dans les paradis fiscaux intra-européens.

  • 1
    Astérix
    14 mai 2020 à 8h07 / Répondre

    Les fondateurs Schuman et Monnet ont un passé qui les discrédites…. On aurait pu choisir d’autres références.
    Quant aux intérêts nationaux je ne vois pas où ils sont: chez Sanofi peut être? Ou encore avec la loi Avia? Je vois surtout pour l’un que le commerce mondialisé continue comme par le passé sans tenir compte de l’intérêt général et comme si de rien n’était au sujet de la pandémie, et pour l’autre une atteinte continue à l’encontre des libertés des citoyens.
    Rien de nouveau sous le soleil.
    Quant à parler d’un projet européen humaniste laissez moi rire : pas la même fiscalité pour tous, permanence de paradis fiscaux, pas les mêmes droits sociaux pour tous mais utilisation de ces derniers contre les uns, contre les autres, mais au profit de quelques uns…etc..Si projet il y a et si c’est celui de la concurrence libre et non faussée, cad celle du renard libre dans le poulailler libre, c’est à dire la concurrence la plus faussée qui soit parce qu’elle est totalement libre et le nivellement par le bas pour la grande masse de nos concitoyens, il n’est guère enviable, merci on a déjà donné.
    Et puis que fait-on du vote de 2005…? Même la démocratie élémentaire avec l’Europe on ne la respecte plus…Quant à la Res-publica c’est de l’histoire ancienne.

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