Eugène Goblet d’Alviella (1846-1925)

Une lecture de la légende hiramique au XIX° siècle

Publié par Pierre Noël

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samedi 31 octobre 2020
  • 5
    pierre noel
    2 novembre 2020 à 14h57 / Répondre

    ll n’est pas inutile d’ajouter que Goblet avait accepté, à la demande de son épouse, qu’un service « protestant libéral » se tienne dans son hôtel particulier n° 10 rue Faider (St -Gilles-lez-Bruxelles), après son incinération au Père-Lachaise (à l ‘époque, les incinérations n’étaient pas autorisées en B).. Ce sont ses cendres qui furent déposées dans son mausolée de Court-St-Etienne.
    Son histoire montre qu’on peut être anti-clérical et libre-exaministe tout en étant maçon « normal ».

    • 6
      pierre noel
      1 décembre 2020 à 21h53 / Répondre

      Le REAA (celui de Goblet) a-t-il évolué au cours du temps ?
      La question peut surprendre, s’agissant d’un ordre traditionnel, donc en principe inaccessible aux épreuves du temps et immuable. Et pourtant le simple examen de quelques faits montre qu’il a bien évolué au cours de son histoire et souvent de façon bien différente d’un pays à l’autre.
      Pour me limiter à la Belgique, le rite a connu plusieurs étapes bien différentes.
      Il fut d’abord, dans les premières années de son existence, de 1817 à 1830, un lieu de refuge et un havre de paix pour les exilés nostalgiques de la grandeur française, un résidu du Grand Orient de France impérial avec le maintien du Rite Français en Quatre Ordres rebaptisés pour la cause selon l’échelle écossaise. Cette première période, on l’imagine aisément, ne se fit guère remarquer par son intérêt pour les questions philosophiques, moins encore métaphysiques, mais pour la fraternité de rigueur entre frères d’armes.
      Mais vint alors l’indépendance du pays et la création du Grand Orient de Belgique en 1834. Très vite, les maçons, nos prédécesseurs, furent entraînés dans la lutte politique dans un pays déchiré entre deux factions antagonistes, aux positions irréductibles, les catholiques et les libéraux. L’interdiction d’appartenir à la maçonnerie, promulguée par les évêques belges en 1837, fit le reste et la maçonnerie bleue n’en devint que plus radicale jusqu’à permettre en 1854, la discussion de sujets politiques en loge.
      Le Suprême Conseil se tint en dehors de ces querelles, maintint l’obligation de croyance en Dieu et la présence du Volume de la Loi sacrée. Mais le climat ambiant amena une mutation jusque dans les ateliers supérieurs. Les maçons « de base » se détournèrent du Rite alors que ceux qui s’y maintenaient devenaient plus « éclectiques », de moins en moins attachés à la religion de leur père et prêts à toutes les aventures intellectuelles.
      Tout se compliqua lorsque en 1872 lorsque le GOB supprima la mention « A la gloire du Grand Architecte de l’Univers » de ces documents officiels, ce qui permit à ses loges de l’omettre des rituels.
      Le Suprême Conseil conserva la formule et l’invocation mais se présenta bien démuni au Convent de Lausanne en 1875 qui sembla entériner le désintérêt de nos prédécesseurs pour la notion d’un Dieu personnel et anthropomorphe. Le SC de Belgique, comme il s’appelait alors, ne ratifia pas les conclusions de Lausanne et se tint dans une prudente réserve.
      Vint alors 1880 et le traité entre SC et GOB qui assurait à chacun leur entière souveraineté et liberté d’action dans la sphère d’influence qui était la leur. Au GOB était laissée la direction entière des Loges Bleues : au SC, celle des Ateliers Supérieurs. Ce compromis laissait à chacun la possibilité d’évoluer comme il l’entendait, vers un matérialisme accru comme vers une recherche plus spirituelle.
      De cette liberté, le SGC des années 1900-1920, Eugène Goblet d’Alviella, fit bon usage. Protestant « libéral », professeur d’histoire des religions (et politicien), il voulut transformer les hauts-grades en une pédagogie progressive des grandes religions monothéistes avec la notion d’un Dieu « incognoscible » comme but ultime de la quête. Je n’oserais dire qu’il a été toujours bien compris ni que son œuvre ait été à l’abri de toutes critiques mais elle marque un tournant majeur dans l’histoire du rite dans notre pays, qui cessait d’être un dérivatif aux difficultés du moment pour devenir un projet de vie et de compréhension du monde.
      Cette situation dura jusqu’aux années 1960 lorsque l’antagonisme entre partisans d’une maçonnerie « laïque » (entendez anti-chrétienne) et d’une maçonnerie spiritualiste reprit de plus belle. Le résultat parle de lui-même. D’un côté, nous avons une maçonnerie « libérale-adogmatique », athée, se disant incroyante et se voulant incrédule ; de l’autre une maçonnerie qui respecte les « landmarks » de notre Fraternité (dont le premier est d’accepter que quelque chose nous dépasse) et est reconnue et acceptée dans le giron des obédiences mainstream.

  • 3
    JEAN VAN WIN
    31 octobre 2020 à 10h52 / Répondre

    From within or from behind
    A Light shines through us upon things
    And makes us aware that we are nothing
    But the Light is all
    Ralph Waldo Emerson

    L’étrange mausolée du comte Eugène Goblet d’Alviella est situé en Brabant wallon, au sud de Bruxelles, à Court-Saint-Etienne, non loin de Nivelles. Ce monument funéraire est unique en Belgique et probablement en Europe. Inspiré par les temples hindous, il est gardé par quatre sphinx et décoré par les symboles des religions du monde.

    Goblet d’Alviella fut professeur des religions et recteur de l’Université Libre de Bruxelles, sénateur libéral, Grand Maître du Grand Orient de Belgique et Grand Commandeur du Suprême Conseil de Belgique. Pierre Noël vient de nous détailler cela.

    On lit sur les quatre faces du mausolée dont on trouvera toute la richesse iconographique sur Wikipedia : « l’Etre unique a plus d’un nom ».

    Mais les maçons seront heureux de détailler la face arrière du monument, en y découvrant une porte donnant accès à la crypte, ouverte lors de chaque nouveau décès familial. Elle porte en fer forgé l’emblème des Rose Croix et son vasistas ajouré permet d’apercevoir, dans la pénombre sépulcrale, le célèbre quatrain d’Emerson : « From within or from behind… ».

    C’est-à-dire : « émanée de l’intérieur ou de l’extérieur, une Lumière brille à travers nous sur les choses et nous rend conscients de ce que nous ne sommes rien, mais de ce que la Lumière est tout ».

    La découverte de ce mausolée exceptionnel est un moment de grâce ; c’est un peu notre Kipling à nous…

    • 4
      pierre noel
      31 octobre 2020 à 15h55 / Répondre

      Dans la production considérable, parfois vieillie, de Goblet, je conseillerais les ouvrages suivants : La Migration des symboles, Paris 1891 ; Des origines du grade de maître dans la franc-maçonnerie, 1907 ; Essai sur l’origine et l’histoire de la R.L. La Bonne Amitié à l’Or. de Namur (1909 ; L’idée de Dieu d’après l’anthropologie et l’histoire. Bruxelles Muquardt; 1892.
      J’ai un faible pour « Ce que l’Inde doit à la Grèce: des influences classiques dans la civilisation de l’Inde ». Paris Leroux 1897.
      Ses « Souvenirs de voyage en Inde et en Himalaya » (1880) consultables sur le web, sont d’une lecture agréable et ils ne manquent pas d’intérêt.

  • 2
    Janushiram
    31 octobre 2020 à 9h53 / Répondre

    Superbe article très instructif. Merci d’avoir mentionné ce détail important : le Rite Moderne Français 1786.

  • 1
    Anwen
    31 octobre 2020 à 7h29 / Répondre

    Hiram, qui es-tu ?
    Myriam Hathor en Egypte, auteure du Sépher qui servit à faire le premier livre du Pentateuque, la Genèse biblique
    « Hiram » doit se lire de droite à gauche comme lisent les Hébreux et non de gauche à droite suivant L’usage des Européens : Hiram alors devient Maria ou plutôt Myriam. Le heth final en hébreu se prononce A.
    « On pourra noter ici, précise René Guénon, la curieuse ressemblance qui existe entre les noms d’Hermès et d’Hiram ; cela ne veut pas dire évidemment que ces deux noms aient une origine linguistique commune, mais leur constitution n’en est pas moins identique, et l’ensemble « H R M » dont ils sont essentiellement formés pourrait encore donner lieu à d’autres rapprochements. » Rappelons que « Hermès », est le nom générique des prêtres égyptiens qui sont venus, dans le cours des siècles, jeter le voile du mystère sur toutes les antiques vérités.
    Myriam, c’est la grande femme dont le nom brille dans l’histoire du peuple d’Israël, comme une resplendissante lumière qui éclaire plus de dix siècles ; c’est elle qui est l’auteur d’un livre de science, le Sépher, qui servira à faire le premier Livre de la Bible, la Genèse, qui en sera la caricature (une « père-version »). Une des femmes qu’on donne à Moïse s’appelle Séphora. C’est ironiquement, sans doute, qu’on lui donne comme nom le titre du livre de Myriam, le Sépher. C’est elle que les Egyptiens ont surnommée « Hathor » (Ha-Thora, la loi). C’est dans la grande ville de Denderah, une des plus fameuses de la Haute-Egypte, aimée d’Hathor, dit Loti, que se trouvent les ruines du magnifique temple consacré à la Déesse.
    En Egypte, Meriamoun (ou Meryamon), nom que les historiens masculins ont donné à Ramsès, et que Champollion, qui lisait dans le même esprit, a fait signifier « Aimé d’Ammon », était le nom de cette grande prophétesse (Mériam ou Myriam) dont les modernes ont fait Marie, la sœur de Moïse, quand on inventera Moïse pour la cacher, ne pouvant pas la supprimer tout à fait.
    Mais que de contradictions dans cette histoire, conséquence naturelle du mensonge !
    Certains historiens donnent au Pharaon de l’Exode le nom de Meriem-Ptah ; or ce nom est celui de Myriam elle-même. Les hébraïsants disent souvent Meriem. Quant à la terminaison Ptah, c’est un mot égyptien qui signifie Soleil ; c’est, du reste, dans la ville du Soleil qu’on la fait naître, à Héliopolis (ville natale de Moïse, dit-on, donc ville natale de Myriam).
    Dans la ville d’Héliopolis se trouvait la Fontaine de Marie. Et à la porte de la ville était un arbre du genre Mimosa, l’arbre de vie, auquel les Arabes de l’Yémen, établis sur les bords du Nil, rendaient un culte. C’est pour perpétuer le souvenir de l’arbre ancêtre que, dans les Mystères de Jérusalem (devenus la Franc-Maçonnerie), on institua le symbole de l’Acacia lié à la légende d’Hiram. On croit maintenant que c’est à la suite de son expédition sur le mont Sinaï que le temple de Karnac a été construit, et lui a été dédié. Les masculinistes en reportent la gloire à Ramsès.
    la légende d’Hiram contient un fait de la plus haute importance : c’est l’existence d’une force inconnue qui s’ignore elle-même : c’est la force morale de la Femme.
    C’est là le grand secret du Monde ; c’est en le découvrant qu’on arrive à comprendre les motifs de l’éternelle lutte entre le Bien et le Mal, de la guerre implacable de la haine, de l’hypocrisie et de l’ignorance contre le génie, contre le travail, contre la Sagesse et l’Amour.
    Quand le Bien l’emporte sur le mal, l’Esprit de la Femme sur la brutalité de l’homme, c’est l’âge d’or, tel qu’il fut au commencement du Monde. Puis suit une période intermédiaire pendant laquelle l’Humanité se débat entre le Bien et le Mal. Enfin, quand l’équilibre est rompu, quand le Mal l’emporte sur le Bien, c’est l’effondrement, général, et le Monde est à recommencer.
    C’est dans un des degrés de la cérémonie d’initiation des Mystères de Jérusalem qu’on faisait l’histoire de Myriam et qu’on disait : « Notre grande Maîtresse innocente était née pour être heureuse, pour jouir en toute plénitude de tous ses droits sans exception, mais elle est tombée sous les coups de trois assassins. »
    L’Institution secrète des Mystères fut fondée par trois femmes : La reine Daud (devenue le roi David), et deux Reines-Mages (ou Magiciennes) qui, avec elle, formèrent le Triptyque sacré que les trois points de l’Ordre ont représenté depuis. L’une est Balkis, Reine d’Ethiopie (appelée la Reine de Saba), l’autre est une Reine de Tyr, que l’on a cachée derrière le nom d’Hiram.
    Nous avons déjà vu que le nom d’ « Hiram » doit se lire de droite à gauche comme lisent les Hébreux et non de gauche à droite suivant L’usage des Européens : Hiram alors devient Maria. Le heth final se prononce A.
    C’est l’antique nom de Myriam qui, en passant de l’égyptien à l’hébreu des temps postérieurs, est devenu Maria.
    La reine Daud voulut perpétuer, dans les Mystères qu’elle institua, l’histoire de la grande Femme qui fut l’auteur du Sépher.
    D’après la légende qui a surnagé, il y eut trahison et meurtre. On croit qu’elle fut enterrée vivante, comme cela fut dit, peut-être symboliquement. En tout cas, c’est son œuvre qui fut étouffée, tuée, trahie, c’est-à-dire altérée. C’est sa personnalité qu’on s’acharna à faire disparaître de l’histoire ; et l’on y parvint, puisque, deux siècles après Daud, on commença à donner au Sépher un auteur masculin : Moïse.
    Daud prévoyait ce meurtre, puisqu’elle voulut perpétuer le nom de MARIA, en le cachant dans le rituel des assemblées secrètes.
    Cette précaution prouve qu’on ne pouvait pas glorifier ouvertement Myriam, parce que cette glorification déchaînait la colère des hommes.
    On cite parmi ceux qui la trahirent Sterkin, Oterfut, Abibala… dont on fera Jubelas, Jubelos, Jubelum, quand on cachera la première légende sous une seconde. D’après Papus, « Les trois assassins d’Hiram, dont les noms varient, ont été appelés Abiram, Romvel, Gravelot, ou Hobbhen, Schterche, Austersfuth, ou Giblon, Giblas, Giblos, etc. Les Templiers y voient Squin de Florian, Noffodei et l’inconnu qui les trahirent. Dans les Rose-Croix de Kiwinning, les trois assassins de la Beauté sont Cain, Hakan, Heni »
    L’acacia, qui symbolisait la Femme et son œuvre scientifique, devint l’arbre funéraire quand elle tomba de son piédestal primitif.
    Cet événement est relaté dans toutes les vieilles Écritures sacrées. C’est la descente d’Istar aux Enfers ; celle de Proserpine dans la sombre demeure de Pluton ; c’est aussi le thème du Livre des Morts des Égyptiens.
    Mais les Israélites, en reproduisant ce mythe, le personnifièrent en leur grande Femme méconnue, leur législatrice, Myriam Hathor. On désignait cette triste époque par le mot Mac-Benac qui signifie désunion.
    Plus tard, dans la seconde légende qui voilera la première, on dira…
    Cette histoire fut cachée, plus tard, sous une nouvelle « légende d’Hiram », donnant à ce personnage le sexe masculin et masculinisant son nom, en l’appelant Adon-Hiram.
    De là le nom d’Adonaï qui devint un titre mâle équivalent de Seigneur. On disait Adoni-Ram, Adoni-bezaq (Juges, 1, 5), Adoni-sedeq ou Tsadek (Josuè)
    Adonaï, qu’on traduit par « Mes Maîtres », « Mes Seigneurs », est un mot pluriel, comme Elohim, pris pour le singulier.
    On disait Adonaï (les Seigneurs) comme on disait Shaddaï (les forts, les hommes). On imitait en cela l’ancien usage qui consistait à dire, pour désigner les femmes, « les Dêvas ».
    (…)
    Quand la secte catholique, qui avait complètement dénaturé le Christianisme depuis Paul, s’installa en maîtresse à Rome, et lorsque, après la conversion de Constantin, on chercha à introduire la religion nouvelle en Gaule, on comprit qu’il faudrait des siècles pour détruire le culte de la Nature, qui y régnait, et la glorification de Marie, l’antique Déesse égyptienne Myriam. L’Église aima mieux faire des concessions ; elle rendit un culte à Marie à cause de sa rivalité avec les Johannites, bien plus puissants qu’elle, à cette époque, malgré les persécutions. Ce fut une surenchère : l’Eglise s’appropria la Sainte et l’exalta avec exagération, tout en l’incorporant dans sa légende, pendant que les Fraternités qui, dans les Loges de saint Jean, lisaient son nom à l’envers et en faisaient Hiram, la cachaient de plus en plus ; et c’est par cette ruse que les Catholiques ont dominé le monde et que les Johannites ont disparu.
    (…)
    Sous la conduite de l’Ange de lumière (la Femme), les descendants de Myriam (Hiram) monteront à l’assaut de la Jérusalem céleste pour réduire à l’impuissance Adonaï, principe du mal.
    On n’en a pas fini avec l’affaire « Saint-Jean »… « Ainsi se concilie avec la liberté de la conscience humaine l’action fatale des lois qui déterminent le progrès continu de l’humanité. »

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